Il y a mur et mur... (dans le fracas du monde)

7 juillet 2004

Au 2ème siècle (de l’ère chrétienne), l’épicurien Diogène d’Œnoanda construisit en Anatolie un mur sur lequel furent gravés les préceptes de la philosophie d’Épicure (4e-3e siècle avant Jésus-Christ), une des premières philosophies matérialistes de la connaissance et de la morale. Sa “philosophie de la poussière” ayant été très diabolisée par le christianisme triomphant, son mur fut coupé en morceaux et enterré.
Il ne sera exhumé et partiellement reconstitué que deux mille ans plus tard par le philosophe écossais Martin Ferguson-Smith, validant ainsi un témoignage vivant des thèses attestées jusque là par les seuls écrits de Diogène Laërce ou de Lucrèce.
Comme quoi il est des murs qui, en délimitant l’espace sans boucher l’horizon, élargissent le champ de la liberté humaine en lui traçant de nouvelles frontières.
Et il en est d’autres, comme celui de Gaza, faits pour exclure et enfermer les humains, en prétendant arrêter tout mouvement. Ou comme l’invisible mur de l’argent, symbolisé par Wall Street (“la rue du Mur”), qui dressent les humains les uns contre les autres dans une perpétuelle quête de profits jamais assurés. Ce sont les plus difficiles à détruire, ceux qui laissent les blessures - symboliques ou matérialisées - les plus cruelles mais, une fois démontés, ils ne laissent dans la mémoire collective que les ruines associées à l’humaine folie.

P. D.


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