Indignité humaine

24 septembre 2005

Une nouvelle fois les prisons françaises sont montrées du doigt. Alvaro Gil-Robles, commissaire européen au Droits de l’Homme a sévèrement jugé les conditions de détentions indignes subies par les prisonniers. "Etre en prison c’est être privé de liberté, et non pas vivre dans un lieu indigne d’êtres humains", a-t-il dit. Au sortir de la prison des Baumettes, il a qualifié le lieu d’"endroit répugnant", surpeuplé. Il "doute qu’on puisse jamais en faire un lieu normal, même en y mettant des milliards". Le pire constaté par le commissaire européen concerne le lieu de dépôt des étrangers en situation irrégulière, au sous-sol du Palais de Justice de Paris : "de ma vie, sauf en Moldavie, je n’ai vu un centre pire que celui-là". Il a aussi déploré que dans un commissariat parisien, les gardés à vue doivent dormir à même le sol, et a fustigé les conditions de détention des demandeurs d’asile du centre de rétention de Roissy.
Observation remarquée, Nicolas Sarkozy n’a pas voulu recevoir le membre de la Commission : "C’est le seul ministre de l’Intérieur européen qui n’a pas reçu le commissaire au droits de l’homme", dit Alvaro Gil-Robles.
Voici quelques années, une délégation de parlementaires était venue inspecter les prisons de La Réunion. Le résultat était un jugement sans appel : “la honte de la République”. Cela veut donc dire en substance que les conditions de détention à La Réunion sont pires que dans un pays qui figure parmi les moins développés dans ce domaine, malgré les efforts du personnel souligné par le commissaire européen. Ce qui implique que la prison, c’est beaucoup plus qu’être privé de sa liberté, c’est être dépouillé de sa dignité humaine.

Manuel Marchal


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