Israel a mis en place un régime d’apartheid contre le peuple palestinien

24 mars 2022, par David Gauvin

Michael Lynk, rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans « le Territoire palestinien occupé depuis 1967 », a publié son dernier rapport avant de mettre fin à son mandat et d’être remplacé par Francesca Albanes. Et il y conclut que la situation et les preuves en vigueur sont satisfaisantes pour parler de l’existence d’un apartheid qu’Israël impose aux Palestiniens.

Photo JDesplats, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/license...> , via Wikimedia Commons

« Israël a imposé à la Palestine une réalité d’apartheid dans un monde post-apartheid. » C’est la conclusion du rapport d’une vingtaine de pages de Michael Lynk. Le vocabulaire est fort, il enchaîne les arguments : « Il y a un régime institutionnalisé d’oppression et de discrimination raciale systématique, il y a le maintien d’un système de domination d’un groupe racial-national-ethnique sur un autre, et ce système a l’intention de rester permanent, s’appuyant sur la pratique d’actes inhumains… tout ça entre dans la définition de l’apartheid », écrit le rapporteur spécial de l’ONU. Dans ses recommandations, il appelle aussi la communauté internationale à réagir, à « imposer des conséquences significatives aux autorités israéliennes pour mettre un terme à l’occupation et à l’apartheid ». L’Afrique du Sud, la Malaisie et la Namibie font partie de ceux qui approuvent également cette conclusion. Une position déjà défendue depuis plusieurs années par des ONG palestiniennes de défense des droits de l’homme ; puis, depuis 2021, par l’ONG israélienne B’Tselem, suivie de Human Rights Watch et enfin Amnesty International.

L’analogie a été utilisée par des chercheurs, des enquêteurs des Nations unies, des groupes des droits de l’homme, dont certains ont également accusé Israël d’avoir commis le crime d’apartheid. Les critiques de la politique israélienne disent qu’il y a « un système de contrôle » en Cisjordanie occupée par Israël - comprenant les colonies juives, le système d’identification, les routes séparées pour les citoyens israéliens et palestiniens, les postes de contrôle militaire, la loi « discriminatoire » sur le mariage, la barrière de séparation, l’emploi de travailleurs palestiniens à bon marché, l’enclavement de la Cisjordanie, les inégalités face aux infrastructures, aux droits juridiques, ainsi qu’à l’accès à la terre et aux ressources entre Palestiniens et résidents israéliens dans les territoires occupés par Israël - ressemblant sous certains aspects au régime d’apartheid en Afrique du Sud, et que des éléments de l’occupation par Israël constituent des formes de colonialisme et d’apartheid, en contradiction avec le droit international. Certains commentateurs étendent l’analogie, ou l’accusation, en décrivant les arabes israéliens comme des citoyens de seconde zone. En 2006, l’ancien président américain, Jimmy Carter utilise l’analogie de l’« apartheid », pour décrire la situation dans les Territoires palestiniens occupés, estimant que ce terme se justifie par « les barrières grillagées, les détecteurs électriques et les blocs de béton installés par les autorités israéliennes le long de la frontière avec la Cisjordanie ». 

L’apartheid était une politique de « développement séparé » (afsonderlike ontwikkeling) affectant, selon des critères raciaux ou ethniques, les populations du pays dans des zones géographiques déterminées. Il fut conceptualisé et introduit à partir de 1948 en Afrique du Sud (Union d’Afrique du Sud, puis République d’Afrique du Sud) par le Parti national, puis aboli le 30 juin 1991. La politique d’apartheid se voulait l’aboutissement institutionnel d’une politique et d’une pratique jusque-là empirique de ségrégation raciale (Pass-laws, baasskap et colour bar), élaborée en Afrique du Sud depuis la fondation par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales de la colonie du Cap en 1652. Avec l’apartheid, le rattachement territorial (puis la nationalité) et le statut social dépendaient du statut racial de l’individu. L’apartheid a également été appliqué de 1959 à 1979 dans le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie), alors administré par l’Afrique du Sud. La politique d’apartheid fut le « résultat de l’anxiété historique des Afrikaners obsédés par leur peur d’être engloutis par la masse des peuples noirs environnants ». Les lois rigides qui en résultèrent, « dictées par une minorité blanche dynamique obsédée par sa survie » en tant que nation distincte, furent ainsi le résultat d’une confrontation, sur une même aire géographique, d’une société sur-développée, intégrée au premier monde avec une société de subsistance, encore dans le tiers monde, manifestant le refus de l’intégration des premiers avec les seconds.

Amnesty international déclare dans son rapport du 1er février 2022 que l’état d’Israël pratique un régime d’apartheid contre les indigènes palestiniens. Elle rapport que « Les autorités israéliennes doivent rendre des comptes pour le crime d’apartheid commis contre la population palestinienne, L’enquête présente en détail le système d’oppression et de domination qu’Israël inflige au peuple palestinien partout où ce pays contrôle ses droits. Sont concernés les Palestiniens et Palestiniennes qui vivent en Israël et dans les territoires palestiniens occupés (TPO), ainsi que les réfugiés déplacés dans d’autres pays ». Ce rapport est allé plus loin que les rapports précédents des autres associations de droits de l’homme dans deux dimensions. La première est temporelle en considérant que le système d’apartheid remonte à 1948 « Depuis sa création en 1948, Israël mène une politique visant à instituer et à entretenir une hégémonie démographique juive et à optimiser son contrôle sur le territoire au bénéfice des juifs et juives israéliens ». La deuxième dimension est spatiale. Amnesty International considère que les pratiques d’apartheid concerne tout l’espace du conflit israélo-palestinien : « Les recherches d’Amnesty International montrent néanmoins que l’ensemble de la population palestinienne est soumise à un seul et même système ». Comment se fait il qu’encore en 2022, on en soit à demander à ce que les Palestiniens puissent avoir leur Etat de plein exercice. Décidément ce monde va mal.

« Nous savons très bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens » Nelson MANDELA

Nou artrouv’

David Gauvin

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus