It’s a wonderful wonderful world

29 septembre 2009

Le service — payant — du réveil téléphonique me tire de ma brume.
Je me lève. Seul. J’allume la radio, traîne jusque dans la douche.
Rasage. La radio me parle et le reflet dans le miroir ne rêve pas d’être président de la république.
Ti-déj. Je pèse sur le bouton, la machine me délivre ma dose de café.
Voiture. Ça démarre.
Zut, plus trop de gazole.
Direction la station. Personne. Ah, c’est vrai Messieurs les pétroliers ont supprimé tous les humains. « 30 euros » dis-je à la pompe. Carte de crédit. Cliquetis. Puis le glouglou du gazole dans le réservoir. « Bonne route » me dit la pompe.
Le distributeur automatique de journaux recueille mes euros et me délivre la presse du jour.
En route. Ah, non, pas tout de suite. Direction le GABIER. Ils ont humanisé le robot : « Combien voulez-vous » ? « 50 euros ». « N’oubliez pas votre ticket, à bientôt ».
Belle journée. Personne pour vous tirer la tronche. Tout va bien.
J’arrive au bureau, badge électronique en poche. La porte s’ouvre automatiquement. Je fais pivoter les 3 chicanes rotatives interdisant toute possibilité d’entrée clandestine. Mon box. Je pose mon index sur le contact. Il reconnaît mon ADN. L’ordi s’allume. Le boulot du jour s’affiche. Faut pas traîner. Ils ont encore viré 7 collègues hier. Paraît qu’avec les nouveaux processeurs et la mise à jour des logiciels on doit pouvoir travailler plus pour le même tarif.
Midi, plus le temps de manger à la cafèt.
Direction le distributeur de sandwich. Un billet de 5 euros dans la machine. Elle me délivre mon sandwich, mon soda. Retour au box. Juste le temps d’avaler. Je bosse en mastiquant les dernières bouchées.
Plop ! Sauvegarde automatique. L’ordi s’éteint. Le syndicat a obtenu l’extinction automatisée pour que chacun sorte à l’heure. Voiture. Badge en poche. Le bras du gardien automatique se lève. Je sors du parking. Fait déjà nuit.
Avant de rentrer au supermarché, je passe à l’automate de Véolia. Je tape mon code client : 45 euros me dit la voix virtuelle. Mince alors, pas de plantes, la douche en express, peu de cuisine et pourtant 45 euros ? Passage à la borne EDF. Là aussi, c’est toujours plus cher.
Supermarché géant. Précédé de mon caddie, je cueille les plats précuits, légumes épluchés sous vide, fruits déjà prêts. Lait de soja (oui, mais sans OGM !). Surgelés. Produits de toilette.
Caisse. Ah, chouette ! Enfin, Jumbo nous fait entrer dans la modernité. Fini le temps perdu avec des hôtesses de caisse qui se trompaient dans les codes. Un robot est là qui les remplace. Il scanne mon caddie. Toutes les puces RFID délivrent leurs informations. Le total s’affiche et ma carte bleue explique à M. Jumbo quels sont mes goûts. Le lecteur wifi des puces RFID lui indiquera dans quelle direction je m’en vais. C’est bon pour la typologie des acheteurs selon les quartiers. Qu’est-ce qu’ils ne font pas pour nous simplifier la vie !
Rentré chez moi. L’ordi, la télé et le micro-onde se réveillent aussitôt. Musique.
Sur mon écran d’ordi, une créature virtuelle me rappelle que, si je clique sur tel lien internet, je peux bénéficier d’une promo. Trop gentille. Vraiment ! Mais, une fois de plus, me voilà en train de baisser le son de la télé. Pourtant, il est à peine sur 4.
Mais quand, de toute la journée, personne ne vous a parlé, c’est vrai que, ce flot ininterrompu de blablabla, ça vous heurte. Et si je ne laissais que les sous-titres ? Un pur bonheur ! Dans ma tête le succès de Black : "It’s a wonderful wonderful life".

Jean Saint-Marc


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