Jetez moi ça ?

2 février 2005

(Page 2)

Phrase terrible - dans son ambiguité - que celle prononcée hier matin sur les ondes de Radio-Réunion, par un responsable parisien de l’Union fédérale autonome pénitentiaire (U.F.A.P.) après avoir visité l’inhumaine prison de Saint-Denis : "On n’y jetterait même pas nos ordures", a-t-il dit.

Comme dans un cauchemar répété, l’appareil judiciaire jette pourtant chaque jour des frères humains dans ce cloaque, déjà qualifié par nos parlementaires de "Honte de la République".
Et si l’on juge le niveau d’une démocratie à l’état de ses prisons, et la fragilité d’une société au nombre de ses exclus, alors il faut admettre que les dizaines de milliers de familles réunionnaises rejetées dans le chômage, l’insalubrité, la précarité et l’illettrisme nous renvoient à la réalité d’un monde où les humains sont parfois moins bien “traités” que des ordures.

Quand la “valeur ajoutée”, débordée de son cadre, devient une sorte de critère universel à l’aune duquel jauger les investissements et les dépenses publiques, les ordures sont recyclées et certains humains mis au rebut : les malades mentaux, les vieillards, les handicapés, les immigrés sans papier, les jeunes sans formation, les sans logis, les sans travail...
Tous “jetés” sans ménagement dans les marges ou dans l’oubli ?
Le cauchemar prend fin quand la conscience de tous s’éveille. Les hommes et les femmes ne sont pas des ordures.
Maltraités ? Ils ont même un devoir de révolte. À bon entendeur...

L. B.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus