Jusqu’à quand un tel mépris envers les jeunes Réunionnais ?

16 décembre 2008, par LB

“Témoignages” a déjà souligné à plusieurs reprises l’ampleur et la persistance du mouvement des lycéens réunionnais qui contestent le projet de réforme gouvernemental de l’enseignement secondaire. (notre photo) Nous avons également mis l’accent sur la pertinence et le sérieux de l’argumentation exprimée par les manifestants, qui posent le problème de fond de leur avenir.
Ce positionnement, intelligent et responsable, ne peut pas être traité par des autorités de l’État et des journalistes en disant aux jeunes : vous êtes des “marmay” qui font du désordre et vous êtes manipulés. D’autres, comme une association de parents d’élèves, les traitent de « hors la loi », alors qu’une enseignante américaine, professeure d’anglais à Trois-Bassins, félicite les élèves de son lycée pour tout ce qu’ils lui ont « appris » à travers leur mobilisation.

En fait, les dénigreurs du mouvement lycéen ont tendance à considérer qu’un jeune n’a pas la capacité de réfléchir par lui-même. Pourtant, au lycée, on lui demande de manier et de maîtriser des concepts scientifiques, mathématiques, philosophiques et autres, particulièrement élaborés.
Dans ces conditions, le lycéen serait parfaitement capable de comprendre de telles notions, mais il ne comprendrait rien du tout quant à son avenir. C’est pourquoi on lui dit : rentre en classe et tais-toi...!

Or ce mouvement, qui unit lycéens, étudiants, personnels de l’Éducation nationale et parents d’élèves de la FCPE, devrait interpeller plus d’un décideur. Et, contrairement à ce qu’avait annoncé pour aujourd’hui le ministre Darcos, il n’y a pas à « expliquer » sa réforme déjà décidée, mais, s’il y a une réforme à faire, à l’élaborer dans le cadre d’une réelle concertation avec l’ensemble des personnes concernées.
En effet, à quoi bon donner des leçons de démocratie dans le monde entier si en France et Outre-Mer on ne respecte pas les droits fondamentaux des citoyens ? Si la jeunesse se mobilise, c’est parce que la “Déclaration universelle des droits de l’Homme”, adoptée il y a 60 ans par les Nations Unies, n’est pas respectée (voir l’article 26 sur le droit à l’éducation) et qu’il n’y a pas de dialogue de l’État avec les organisations lycéennes.
Jusqu’à quand y aura-t-il un tel mépris envers les jeunes Réunionnais ?

L. B.


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