L’absence de transparence
Blessure à la démocratie, injure aux Réunionnais

19 août 2009

Glasnost. Impossible de passer à côté de ce mot russe. Glasnost : transparence. Du 11 mars 1985, jour de l’accession au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev jusqu’en 1991, tous les grands pays développés, USA, Royaume-Uni, Allemagne, France, etc., vont se gargariser à la glasnost.
Transparence, transparence ! Sur tous les tons, les pays se revendiquant de la démocratie ne cessèrent de décliner « l’exigence vitale de la transparence ». En 1987, le prestigieux “Time Magazine” décerna le prix d’“Homme de l’année” à M. Gotbatchev puis d’“Homme de la décennie” en 1989.
Dieu qu’elle était belle la glasnost du temps de l’URSS de Mikhaïl Gorbatchev !

Mais, en France et surtout dans notre île, qu’en est-il de cette transparence — garantie absolue d’une démocratie — que tous aimaient si fort en URSS ?

Prix des produits pétroliers : l’observatoire de la formation des prix et des revenus, voté en décembre 2000 … installé en 2007 (Transparence ?) tente, sans y parvenir, d’établir la façon dont sont formés les prix des carburants.
« La DDCCRF (1) de La Réunion indique à la Commission d’enquête sénatoriale ne disposer « que de données partielles sur la formation des prix des produits ». « Le rapport de l’Inspection générale des Finances sur le prix des carburants met en évidence des pratiques d’ententes anticoncurrentielles, face auxquelles les services de l’État sont restés inactifs  ». Quant à L’Autorité de la concurrence, elle livre dans son rapport, ce jugement lapidaire : « Les compagnies pétrolières donnent un prix au préfet qui s’exécute  ». Les choses sont claires désormais, c’est la préfecture — préfet en tête — qui a multiplié les obstacles pour interdire que la lumière soit faite. C’est le préfet lui-même qui a désigné aux transporteurs la cible à attaquer, la Région, afin de protéger les pétroliers. Glasnost ?

Nombre des enseignants métropolitains nommés à La Réunion. Transparence ? Que nenni ! Nos journalistes se sont heurtés à une sorte de secret-défense. L’un des administratifs contactés ayant fini par dire : « en l’absence du Recteur, nous ne pouvons rien dire car vous allez utiliser ces chiffres pour polémiquer ». Si nous comprenons bien, nous ne pourrions obtenir ces chiffres qu’à la condition d’en rendre compte de la façon la plus banale, sans aucun droit de commentaire. Glasnost ?

Enfin, pour le RSTA nous touchons les sommets de l’obligation démocratique de transparence : au 11 août, seulement 13.501 dossiers des 115.000 allocataires potentiels ont été liquidés. Restent 101.500 dossiers à traiter. On s’achemine donc vers le scandale d’un incroyable fiasco (2) puisqu’il est désormais impossible que, d’ici le 31 août, date butoir, soient pris en compte plus de 100.000 dossiers restants.
Et lorsqu’on veut savoir comment un tel scandale a pu ainsi se produire dans l’apparente indifférence des responsables, la réponse — sans doute au nom de la transparence ?— est celle-ci : seule l’IGAS (3) a le droit de le savoir à condition qu’une enquête sur ce point lui soit confiée. Rappelons qu’il s’agit tout de même d’une question à 30 millions d’euros. Mais là encore, la glasnost est indésirable.
Quel nom doit-on donner à un régime politique qui dénie aux Réunionnais leur droit à la transparence ?

Jean Saint-Marc

(1) – DDCCRF : Direction Régionale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes.
(2) – voir notre article à ce sujet page 3
(3) - IGAS : Inspection générale des affaires sociales

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