L’autonomie énergétique, c’est maintenant… en Uruguay

26 janvier 2015, par J.B.

Situé entre le Brésil et l’Argentine, l’Uruguay est un petit pays de 3 millions d’habitants. À la différence du Brésil, il n’a pas de pétrole. Le climat n’est pas tropical, donc pas de canne à sucre. Mais les Uruguayens ont des idées.
Célèbre pour avoir eu comme président l’ancien guérillero Pépé Mujica, dirigeant vanté pour la modestie de son train de vie, l’Uruguay a en parallèle développé une conscience écologique en s’appuyant sur une réalité : les énergies renouvelables sont gratuites, à la différence du charbon, du fuel ou de l’uranium.
En 2008, il a lancé un programme pour atteindre l’autonomie énergétique en 25 ans. Près de la moitié de l’énergie consommée actuellement en Uruguay provient de sources renouvelables. Cette année, les énergies renouvelables fourniront 90 % de l’électricité. Ainsi durant plusieurs périodes cette année, 3 millions de personnes consommeront une électricité produite à 100 % en Uruguay, sans aucun rejet de CO2.

Pour atteindre l’autonomie énergétique en 25 ans, l’Uruguay mise sur ses cours d’eau. Dans ce domaine, les marges de manœuvre se réduisent du fait de la forte exploitation des rivières. Pour aller chercher les mégawattsheures, ce pays de 3 millions d’habitants s’est tourné vers le vent. Il a mis sur pied un ambitieux programme de construction d’éoliennes. D’ici la fin de l’année, 30 % de l’électricité produite viendra des éoliennes. C’est plus que le Danemark (25%), pays qui a pourtant lancé son programme voici une quarantaine d’années.

Ces faits amènent plusieurs commentaires.

Le premier, c’est l’utilisation de l’éolien, une source d’énergie intermittente. À La Réunion, EDF a fixé à 30 % la part des énergies intermittentes dans la production d’électricité. Aller au-delà risque de perturber le fonctionnement du réseau, disent les responsables de l’entreprise française. En Uruguay, cette limite de 30 % sera largement franchie. Un voyage d’étude s’impose pour comprendre comment les Uruguayens rendent possible ce qui est interdit aux Réunionnais.

Le second, c’est l’objectif en lui-même. Les Uruguayens se sont donnés 25 ans pour arriver à l’autonomie énergétique. En moins de 10 ans, cette autonomie est quasiment gagnée pour l’électricité. La Réunion s’était aussi engagée sur cette voie à partir de 1999. A la Région, Paul Vergès avait lancé un plan de 25 ans pour y parvenir. C’est La Réunion qui était citée en exemple, pas l’Uruguay. Mais en 2010, l’arrivée de Didier Robert au pouvoir a tout remis en cause. La part des énergies renouvelables n’augmente plus. Le chantier du tram-train électrique a été stoppé pour que plus d’un milliard d’euros soient réorientés dans la construction d’une route en mer désastreuse pour l’environnement.

Ce que les Uruguayens arrivent à faire pour 3 millions d’habitants, les Réunionnais le peuvent pour 1 million, d’autant plus que La Réunion dispose d’énergies abondantes que n’a pas l’Uruguay : soleil des tropiques, énergie thermique des mers, volcan.
L’autonomie énergétique c’est possible à La Réunion, à condition de changer de politique.

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