L’autonomie politique, plus que jamais nécessaire

8 février 2021, par Mathieu Raffini

La crise que nous connaissons actuellement avec le COVID-19 et ses conséquences nous rappellent plus que jamais que l’autonomie politique est une nécessité.

Pour se convaincre de cela, il n’y a qu’à voir la gestion de la crise mise en place par la préfecture et l’ARS, qui répondent directement aux ordres de Paris, et donc de la France. La situation sanitaire se dégrade de jour en jour, faisant craindre de nouvelles mesures contraignantes dans les semaines à venir. Et, face à cela, la seule réponse est d’accuser les Réunionnais de ne pas avoir de comportement responsable et d’ainsi être les seuls artisans de la situation.

Or, rappelons que cette dégradation, qui se matérialise par une multiplication du nombre de cas et l’arrivée de variants provenant du monde entier coïncide avec les retours de vacances. Plus largement, étant donné que nous vivons sur une île, il est évident que le virus, avant de se propager localement est arrivé de l’extérieur. Pourquoi, dans ce cas-là ne pas avoir mis en place de mesures contraignantes telles qu’une septaine obligatoire et limité le nombre de vols, voire fermé l’aéroport comme cela est le cas depuis l’année dernière dans la majorité des pays insulaires, ceci afin de protéger la population ?
Et alors qu’il n’y a aucune volonté de limiter les risques dus aux arrivées de la part des autorités principalement guidées par leur mentalité néo-coloniale, la population réclame au contraire depuis le début de la pandémie et de façon majoritaire des mesures importantes, ceci afin de se protéger et de protéger ses prochains de ce risque sanitaire qui nous menace de plus en plus.

Cette question des autorités qui exécutent les ordres de venant de France sans prendre en compte la situation spécifique de notre pays n’est pourtant pas nouvelle. Cette question se pose en effet en permanence, et est particulièrement criante lors de chaque situation de crise.
Lors de la crise des Gilets Jaunes par exemple, la réponse de la préfecture et de l’Etat face à une expression de la situation sociale explosive que connait notre pays du fait de la précarité, du chômage, de la vie chère, etc. a été la répression, alors que des mesures sociales fortes étaient demandées et ont depuis longtemps été proposées par le peuple Réunionnais et les acteurs politiques de notre pays, en particulier le PCR. Au final, il aura fallu attendre la venue d’une ministre pour mettre en place quelques mesures que le gouvernement n’a pas tardé à supprimer.
Autre exemple encore récent, le passage il y a trois ans de Berguitta et de Fakir. Pour ce dernier, nous avons connu de véritables conditions cycloniques, avec de très fortes pluies, des vents forts, et toutes les conséquences qu’il y a eu par la suite. Pourtant, aucune alerte n’ a été émise alors que le peuple Réunionnais, connaissant bien les conséquences possibles du passage d’un tel phénomène météorologique à proximité de notre île réclamait, à raison, leur mise en place afin de protéger la population. Depuis, des adaptations ont certes été réalisées, mais le mal est fait.

Au final, ces trois exemples nous démontrent une chose : tant que notre unique centre de décision sera la France et ses représentants tels que la préfecture et l’ARS, le peuple Réunionnais ne pourra être entendu et nous ne pourrons mettre en place les mesures que nous jugeons nécessaires, qu’il s’agisse de répondre ponctuellement à une situation de crise, ou plus largement à la réalité de notre pays par des adaptations législatives.
Pour toutes ces raisons, il nous faut un nouveau modèle où en tant que Réunionnais nous pourrons décider de ce qui est bon pour nous. Et pour cela, il nous faut l’autonomie politique.

Mathieu Raffini

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • « La crise que nous connaissons actuellement avec le COVID-19 et ses conséquences nous rappellent plus que jamais que l’autonomie politique est une nécessité », dixit Mathieu Raffini. Fort bien ! Et pourquoi ne l’appliquerait-on pas déjà pour Mayotte ? Gagnant-gagnants, les Mahorais empêcheraient que l’on vienne là-bas sans respecter des règles de quarantaine, ce qui découragerait encore plus d’y aller comme c’est le cas pour beaucoup d’administratifs qualifiés et de cadres privés, et les Mahorais ne viendraient pas dans notre île. Ce serait déjà beaucoup ! Quant à l’autonomie politique chez nous, chiche ! Un référendum ? Vous ne seriez pas déçus du résultat !


Témoignages - 80e année