L’économie bleue : nouveau paradigme pour le développement durable

29 mars 2021, par David Gauvin

L’économie bleue est une économie circulaire (elle vise à ce que les déchets des uns puissent être utilisés dans les processus des autres), basée sur les stratégies développées par les écosystèmes, c’est le biomimétisme. En 3,8 milliards d’années, la Nature a élaboré des solutions qui fonctionnent et qui peuvent nous inspirer. Ce n’est surement pas la surexploitation des océans et des rivières que promeut le gouvernement et ses concurrents insoumis.

La philosophie de l’économie bleue a été introduite pour la première fois en 1994 par le professeur Gunter Pauli dans le cadre des réflexions autour des nouveaux modèles économiques en vue de la COP3 au Japon. La définition de l’économie bleue fait référence au cycle de la nature. Elle postule que l’ensemble des écosystèmes des milieux naturels sont complémentaires et se nourrissent les uns des autres, à tel point que la notion de déchet pourrait être inopérante, dans le sens où ils peuvent être réutilisés indéfiniment. C’est ainsi qu’on dit de la nature qu’elle est autosuffisante. Et pourtant, l’humain n’arrive pas à gérer ces déchets puisqu’il en crée sans cesse au point qu’ils deviennent inutilisables. Ainsi, l’économie bleue va plus loin que la verte, puisqu’elle considère que chaque déchet représente une richesse à exploiter. Des chercheurs sud-coréens ont illustré la notion en créant un matériau super-conducteur à partir des mégots de cigarette : ces déchets a priori nuisibles et inutilisables peuvent produire une valeur inestimable. En résumé : la création de valeur viendra d’une économie circulaire et non linéaire.

C’est une "grande crise" qui a provoqué chez Gunter Pauli cette volonté de développer ce modèle économique. Il avait fondé la société de détergents "verts" Eco ver avant de découvrir que l’huile de palme utilisée pour fabriquer ses produits provoquait la déforestation de forêts. "J’avais construit l’usine écologique. (...) J’étais reconnu, je recevais même des prix. (...) Et tout à coup, je me rends compte que je suis responsable de la destruction d’une forêt tropicale, je suis responsable de la destruction de l’habitat d’orangs-outans", se souvient-il. "Le modèle qui fait du bien." Il est donc "allé visiter Greenpeace" en leur proposant de "faire campagne" avec lui, contre sa propre entreprise. C’est à ce moment-là que Gunter Pauli est passé de l’économie verte à l’économie bleue, "le modèle qui fait du bien".

Aujourd’hui, alors que l’économie verte a pris de l’ampleur, nous apercevons les limites de ce modèle. L’agriculture biologique nécessite beaucoup de main d’œuvre, mais plus que ça la demande est tellement forte que le prix de vente prive 90 % de la population de ces soi-disant bien fait. Allez juste faire une visite dans les magasins bio pour voir les prix pratiqués. On peut y trouver 100 g de sucre venant du Nicaragua vendu à plus de 10 euros, alors que le kilo de sucre produits chez nous vaut 10 fois moins cher. Il en est de même avec l’incitation aux voitures électriques. Les batteries sont construites, à base de terres rares qui sont surexploités, créant des désastres écologiques. Et surtout, au lieu de mettre un dérivé du pétrole dans le bac, on recharge avec de l’électricité produit par des énergies fossiles et carbonés. L’économie verte, ce ne sont que des labels privés qui se rémunèrent en prélevant des subsides sur les producteurs qui font la démarche. On peut douter de l’efficience d’une labellisation excluant la puissance publique et financé par les producteurs eux-mêmes.

La crise sanitaire nous oblige à réfléchir demain autrement qu’aujourd’hui. L’économie bleu nous ouvre un cadre de réflexion pour une Réunion solidaire, écologique et autonome.

"Un, on utilise ce que l’on a de disponible localement. Deux, on ne génère que des plus-values. Trois, on répond aux besoins de la société, en incluant la résilience, le bonheur et la santé." Gunter Pauli

Nou artrouv’
David GAUVIN

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