L’Euro dégringole : les limites de Sarkozy

11 janvier 2012, par J.B.

L’année 2011, les dirigeants européens célébraient le 10ème anniversaire de la monnaie unique européenne, créée en 2001. Ce qui devait être une fête finit dans une tourmente qui a révélé les limites des leaders européens actuels.

Durant 5 siècles, les nations européennes ont écumé les mers et océans et ont installé leur domination partout où leurs conquérants passaient. Le monde tel que nous connaissons aujourd’hui est la résultante entre cette politique et la résistance face à cette domination. Elles se sont livrées entre elles une guerre sans merci et se sont épuisées dans des guerres coloniales. Au final, l’invasion de l’Allemagne nazie en 1939 sera fatale à la « vieille Europe ».

Les États-Unis profiteront pour imposer leurs conditions de sortie de guerre. En particulier, le dollar deviendra la monnaie de référence. Toute tentative de lui résister échouera. Le plus spectaculaire, c’est l’effondrement du bloc de l’Est en 1989 qui marque simultanément le triomphe des États-Unis et le début du déclin de l’Occident.

En effet, la vielle Europe va considérer que l’Occident n’est plus en danger et va engager un processus de création d’une nouvelle monnaie afin de « partager » le leadership du dollar. Ce sera l’euro. L’Angleterre refusera d’y participer : fidèle alliée des États-Unis, elle gardera sa monnaie, la livre sterling. Les 2 comprennent vite le danger quand les pays asiatiques et les pays du Moyen-Orient envisagent également de se lancer dans la création de nouvelles monnaies. L’Asie connaîtra leur fureur en 1997. Mais la Malaisie a montré qu’elle pouvait sauver sa monnaie, seule, en refusant de se plier au dictat américain. Une leçon pour l’Europe ?

L’euro deviendra petit à petit une monnaie de référence. A l’origine, elle sera convertible à 1 euro pour 0,86 dollar, mais atteindra des sommets de 1,43 dollar. Aucun dirigeant américain ne peut accepter une telle humiliation en temps de paix. Le contentieux s’alourdit lorsque les pays émergents envisagent de diversifier leur réserve de devises et de remplacer le dollar-roi par un panier de monnaies, en l’absence d’un étalon de change stable. Les États-Unis vont faire échouer la manœuvre. Du G20 aux agences de notation en passant par le FMI et la diplomatie, ils ne laisseront aucun sursis au redressement de l’euro. L’occasion est trop belle de relever l’affront. Ils ne feront rien pour sauver l’euro.

Ils vont même accélérer la cadence, car les pays émergents ont décidé de se passer des services du dollar dans leurs transactions bilatérales. La menace était sérieuse quand le nouvel homme fort de l’Iran avait proclamé son désir de négocier son pétrole hors du dollar, elle s’est accentuée avec la décision chinoise et japonaise d’améliorer leurs échanges dans leur monnaie nationale. En effet, 60% de leurs échanges se font en dollar : ils commissionnent donc le dollar pour un service inutile.

Ainsi, les États-Unis et l’Angleterre doivent, ensemble, contrecarrer l’euro et faire barrage à l’arrivée de nouvelles monnaies sur le marché des transactions commerciales, comme celle du yuan chinois qui, pour l’instant, n’est pas un danger insurmontable. C’est pourquoi l’erreur de Sarkozy est de s’attaquer aux Chinois. C’est plus facilement vendable pour expliquer la crise en temps d’élection présidentielle, mais irréaliste quand on sait que c’est le dollar qui est à la racine du mal. Comment l’euro pourra-t-elle être sauvée par un Sarkozy qui n’a même pas le courage de la Malaisie en 1997 ?

J. B.

Nicolas Sarkozy

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