L’hypocrisie ultra-libérale

18 janvier 2007

Depuis 2005, le gouvernement du Venezuela a entrepris de modifier sa législation pétrolière en reprenant le contrôle de la plupart des contrats de partage de production ou d’exploration avec des firmes étrangères. Suite à sa réélection, le Président Hugo Chavez a annoncé la semaine passée la nationalisation de larges pans de l’économie, dont l’électricité et la téléphonie. « Il faut récupérer la propriété sur les moyens de production stratégiques. Tout ce qui avait été privatisé doit être nationalisé », a-t-il affirmé.

Ces annonces ont plongé les milieux économiques et politiques occidentaux, et notamment nord-américains, dans une vive inquiétude. La Bourse de Caracas s’est effondrée le jour même et les Etats-Unis ont exigé des compensations pour leurs compagnies qui pourraient être affectées. Bref, tous les tenants de la politique libérale ont dénoncé ce « mauvais coup » porté à la libre concurrence.

Cette levée de boucliers de la part des adeptes du libéralisme économique ne manque pas d’hypocrisie. Car, enfin, quand les Etats-Unis, au mépris des principes de l’Organisation Mondiale du Commerce, continuent à subventionner leurs productions agricoles alors que des pays, souvent très pauvres, ont investi dans ce domaine en misant précisément sur l’ouverture du marché mondial, cela ressemble à s’y méprendre à la défense d’intérêts qu’on a jugé stratégiques. Et qu’est-ce la notion de patriotisme économique apparue en France, notamment lors de la fusion de Meethal-Arcelor, sinon la tentation protectionniste ? Et lorsque les Etats-Unis imposent au reste du monde sa monnaie nationale comme monnaie de transaction mondiale - le dollar, qu’ils font fluctuer au gré de leurs intérêts -, nous sommes encore en pleine défense d’intérêts stratégiques.

J.M.


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