La casse du service public va se poursuivre

10 juillet 2018, par J.B.

Hier devant le Congrès des députés et sénateurs, le président de la République a fait le bilan de sa première année de mandat et présenté une feuille de route. Elle s’inscrit dans un cadre. Selon Emmanuel Macron, ce ne sont pas les travailleurs qui créent la richesse, mais les entreprises. Ceci est la base d’une politique qui vise à « libérer l’investissement », dans la perspective de développer un « capitalisme populaire ».

Ceci explique pourquoi « ceux qui risquent doivent nous trouver à leurs côtés ». C’est cette volonté de récompenser « ceux qui risquent » qui explique la remise en cause de nombreuses conquêtes sociales inscrites dans le Code du Travail. Présentées comme une « réforme », ces nouvelles dispositions ont considérablement augmenté le risque du licenciement, avec une protection contre les employeurs qui décident de licencier abusivement un travailleur. Les recours aux Prud’hommes sont en chute libre, et les indemnités sont désormais plafonnées.
Cette politique se poursuivra avec la loi PACTE. Actuellement en discussion au Parlement, ce texte doit encourager les créations d’entreprise par « une réglementation moins contraignante ». Un autre volet concernant directement le Travail sont les changements proposés pour l’assurance chômage pour inciter à la création d’emplois durables. Le président de la République a malgré tout exclu tout recours à la loi pour contraindre les entreprises à embaucher en échange de ces concessions.

Concernant la révision de la Constitution, le chef de l’État a plaidé pour « une décentralisation de projets » par la reconnaissance de la « différenciation », les services de l’État ayant pour rôle d’accompagner les élus.
Concernant le service public, le président de la République a confirmé que les réductions de dépenses vont se poursuivre. En conséquence, l’organisation de l’État sera modifiée, afin de faire autant avec moins de moyens.
La principale annonce du discours était le thème retenu pour l’année prochaine : « la création de l’État providence du 21e siècle ». Ce nouvel État providence marque une rupture avec celui du siècle précédent qui se basait « sur le plein emploi ». C’est donc la reconnaissance par le chef de l’État que le plein emploi n’est pas un objectif de sa politique. Emmanuel Macron préconise de nouveaux devoirs avec « La transformation du système de solidarité », pour « accompagner chaque personne qui le peut vers une activité, même à temps partiel ». Rappelons que ce sont des emplois sous-payés.
Sur le système de retraite, le président de la République a annoncé que rien ne changera pour les retraités actuels. Pour les autres, c’est la fusion de tous les régimes dans un seul. Il fixe comme échéance 2019 sans préciser quelle sera la part de la capitalisation dans un système fondé aujourd’hui sur la solidarité entre les générations. Une autre incertitude concerne une « stratégie nationale de lutte contre la pauvreté » qui sera dévoilée au mois de septembre.

Le discours du chef de l’État confirme qu’il n’y aucune inflexion à attendre de la part de la politique du gouvernement. Les baisses d’impôts pour les plus riches sont donc au programme, ainsi que le transfert du financement des cotisations sociales salariales des entreprises vers l’impôt.

J.B.

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