La com’ tropicalisée

16 novembre 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

« L’évènement », écrivait un historien réputé, « est finalement fait par celui qui le raconte ». Si l’on passe de l’analyse des idées à la pratique politicienne, cette réflexion résume bien la fonction et les buts de ce qu’on appelle aujourd’hui la « communication » - ce qu’on nommait autrefois la propagande. A la mode sarkoziste, la communication consiste moins à orienter la lecture de l’évènement, qu’à prendre le contrepied systématique des faits... avec l’aide de médias, comme dit la chanson d’ici, « bien complaisants ».
Ainsi, le capotage de l’intervention du chef de l’État en Géorgie avait été transformé en succès diplomatique par la plus grande partie de la presse française.
Ailleurs, l’opération était apparue pour ce qu’elle était réellement : la pantalonnade d’un chef d’État un brin pied-nickelé, très avide de se faire voir. Rebelote au sommet de Copenhague : de par le monde, on s’était scandalisé ou gaussé de l’emphase égocentrique du président français. En France, de nombreux faiseurs d’opinions ont transformé en moment historique l’équipée sarkoziste au Danemark.

C’est, à échelle réduite, un procédé comparable qui est à l’œuvre à La Réunion depuis l’élection de Didier Robert. Cette tropicalisation de la Com’ est d’ailleurs dans l’ordre des choses : l’ancien maire du Tampon est membre de la direction nationale de l’UMP et proche de l’Élysée, qui l’a « coaché » et a réorganisé la communication de l’UMP réunionnaise. Mêmes méthodes... mêmes appuis : un certain nombre d’acteurs médiatiques – moins, rassurons-nous, que dans l’Hexagone- se démènent pour réécrire au jour le jour l’histoire de la mandature Robert.
Le 3 août dernier, "le Monde" consacrait un article consacré aux effets de la crise sur les programmes européens de grands travaux. La journaliste signalait que la Région Réunion serait la seule collectivité de France privée de chantiers d’envergure. Cela, écrivait-elle, pour des raisons purement politiciennes. Il y a quelques jours, l’influente Fédération nationale des usagers des transports, forte de 65.000 adhérents, décernait un "ticket rouge" au Président de la Région Réunion, distinguant le « choix le plus rétrograde en matière de transports ».
Dans les médias réunionnais, certains cachaient mal leur joie lors de la suppression du Tram-train ; les mêmes trouvent tout à fait normal - ou indigne d’être commenté- qu’aucun des 2.000 bus annoncés en remplacement n’ait été vu sur des routes qui n’ont d’ailleurs pas elles-mêmes fait l’objet du moindre commencement d’aménagement.

Faut-il être étranger à notre île pour comprendre qu’un tram-train roule mieux et pollue moins que 2.000 bus, et que le tout-automobile correspond à un modèle dépassé et nuisible ? Ou des affinités électives expliquent-elles cette différence dans la perspective ?
La réponse est à Adélaïde. D’évidence, la balade de Didier Robert et de ses "batteurs d’caré" est un échec cuisant. Les Australiens ont été clairs : pas d’accord et pas un rond, relate un journaliste du cru. Comme de juste, il se trouve parmi les suivants de Didier Robert une journaliste pour changer le fiasco en victorieuse épopée… et foudroyer son collègue australien qui, dit-elle en substance, ne sait pas faire son boulot, et fricote avec les communistes de La Réunion.

G.G.-L.

Didier Robert

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