La France ou l’absence de volonté de décoloniser

2 septembre 2020, par Mathieu Raffini

Qu’il s’agisse de ses anciennes ou de ses actuelles colonies, ou encore des néo-colonies dont fait partie La Réunion, la France a décidément du mal à laisser ces territoires s’émanciper.

Prenons quelques exemples parlant pour les anciennes colonies : le Liban et le Mali.
Bien que la catastrophe de Beyrouth soit dévastatrice pour tous, la France via son président Macron s’est directement déplacée sur le territoire.
Pour apporter des aides aux Libanais ? Oui, mais pas seulement, car il a annoncé la nécessité pour le Liban de procéder à d’importantes réformes. On n’imaginerait jamais le gouvernement libanais faire la réciproque avec la France. C’est bien là la preuve éclatante du rapport colonial qui continue à exister entre la France et une de ses anciennes colonies.

De même, la France a directement condamné le coup d’Etat au Mali (que l’opposition démocratique a par ailleurs largement soutenu par de grandes manifestations), en exigeant le retour du pouvoir aux civils, ce qui est exactement le but de ce putsch. Si l’on rajoute à cela l’intervention militaire sur place, on ne peut parler que d’une volonté de la France de continuer à dominer le Mali.

Mais cette absence de volonté de décoloniser est évidemment également présent dans les territoires actuellement occupés, et on peut penser en premier lieu à Kanaky (Nouvelle-Calédonie).
En effet, le 4 octobre prochain aura lieu le 2nd référendum d’autodétermination du pays.
Pourtant, la France n’est pas neutre dans ce scrutin.
Après des accusations de modification des listes électorales lors du premier referendum, elle participe actuellement ouvertement, comme indiqué dans nos tribunes il y a quelques jours via le communiqué du FLNKS à tenter de biaiser les futurs résultats du scrutin en violant l’esprit des Accords de Nouméa.

Concernant les néo-colonies, dont nous faisons partie, faut-il avoir encore besoin, tant les exemples sont légion et quotidiens, de démontrer la volonté de l’Etat de défendre une politique assimilationniste, à l’encontre total de la nécessité de nos peuples respectifs à s’émanciper ?
Nous avons pourtant un enjeu pour lutter contre ce néo-colonialisme avec le processus annoncé de « différentiation » par le gouvernement. Il faudra être vigilants, à l’avant-garde des propositions et y imposer un rapport de force.
Il ne s’agira en effet pas d’aboutir à de simples mesures de forme, mais bien d’arracher à un État - qui comme cela a été vu auparavant refuse de décoloniser - de vraies avancées pour notre pays. Elles devront nous permettre d’arriver à acquérir de nouvelles responsabilités pour plus d’autonomie pour notre peuple.

Mathieu Raffini

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