La mondialisation impose de nouvelles relations entre La Réunion et ses voisins

18 août 2018

Récemment, l’Institut chinois des relations internationales contemporaines a organisé son forum annuel sous le thème « La Chine et l’Afrique construisent conjointement une communauté de destin » (voir « Relation Chine-Afrique : au cœur des équilibres mondiaux », « Témoignages » du 7 août 2008). C’était l’occasion de rappeler qu’entre 1978 et 2017, le commerce entre la Chine et l’Afrique était passé de 765 millions de dollars à 170 milliards de dollars. Un bouleversement en 40 ans, et qui a pour conséquence le fait que la Chine soit devenu le premier partenaire commercial du continent africain.

Pour leur part, les relations entre l’Inde et l’Afrique connaissent une tendance analogue. Ses échanges commerciaux avec l’Afrique dépassent 62 milliards de dollars. L’Inde vient d’ailleurs d’investir 10 millions de dollars dans l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique. Comme pour la Chine, ces relations commerciales s’accompagnent de financements pour la construction d’infrastructures, d’un montant de 11 milliards de dollars. Rappelons que la reconstruction du train à Maurice sera notamment financé par un partenariat avec l’Inde.

Par conséquent, le poids des échanges avec les anciennes puissances coloniales diminue dans le volume global du commerce entre l’Afrique et les autres continents. Ce qui signifie que ce sont désormais les échanges entre les anciens pays colonisés qui ont pris le dessus. C’est dans ce contexte que se déroulent les négociations de l’Accord de partenariat économique entre les pays de notre région et l’Union européenne. Il est donc clair que les dirigeants ont intérêt à faire preuve de la plus grande ouverture vis-à-vis de leurs partenaires africains s’ils ne veulent pas être mis hors-jeu par la croissance des échanges entre l’Afrique et l’Asie. Or, La Réunion est une région de l’Union européenne, au milieu de pays qui négocient cet Accord de partenariat économique. Cela suppose que plus les dirigeants européens ouvriront leurs marchés, plus la concurrence sera rude pour les produits réunionnais à La Réunion.

Les Réunionnais sont totalement exclus de ces négociations. Les demandes d’explication du PCR auprès de l’ambassadeur de France à la coopération régionale dans l’océan Indien n’ont toujours pas eu de réponse. Tout comme la canne à sucre, sans action c’est une catastrophe qui se prépare en silence. Ceci souligne donc la pertinence d’actions qui visent à rechercher une alternative à ce type de relations avec nos voisins. Cela passe par une délégation de compétences aux Réunionnais pour qu’ils puissent défendre leur cause dans ces négociations, mais c’est aussi la nécessité de mieux se connaître entre voisins pour imaginer des moyens pour progresser ensemble sur la voie du développement. Sur ce point, une première étape a été franchie grâce à la création du premier Forum politique des îles des l’océan Indien.

J.B.

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