La nécessaire décolonisation médiatique

12 novembre 2020, par Mathieu Raffini

Ces 10 derniers jours, l’ensemble des regards Réunionnais se sont tournés vers le devenir électoral tragi-comique de la puissance décadente que sont les Etats-Unis.
Lives, articles toutes les 3h sur l’élection au niveau de chaque Etat ou déclaration d’un des candidats, la couverture médiatique était presque plus importante que pour nos propres élections présidentielles.
Au-delà de la question de la médiatisation à outrance de ces élections américaines, nous sommes en droit de nous interroger : pourquoi entend-on d’avantage parler de quelque chose se passant à l’autre bout de la planète, alors que les évènements de Madagascar, des Seychelles, d’Inde ou de Chine par exemple seraient, ne serait-ce que pour une question de proximité bien plus légitimes à être analysées ?

La réponse est très simple, nous vivons toujours à travers une vision coloniale de notre environnement, et cela se ressent très bien au niveau médiatique. S’il est ainsi flagrant que l’on nous impose dans le contexte actuel de nous informer – sous un prisme pro-impérialisme US – sur le devenir électoral des Etats-Unis, cala n’est en effet qu’une infime partie des biais que nous subissons.
Voyons ainsi « l’actualité nationale » par exemple, qui fait que l’on est plus informé de ce qu’il se passe à Vesoul que dans les pays de la zone voire de façon encore plus ubuesque de ce qu’il se passe directement dans notre pays.
Malheureusement, ce biais colonial se voit également sur ce qu’il se passe chez nous où l’immense majorité de ce que l’on voit médiatiquement traite de faits divers, ou d’éléments faisant peur à la population, le tout en faisant des liens n’ayant aucun sens avec la France, ne permettant ainsi pas de nous émanciper de la pensée coloniale que nous subissons.

Car tout l’enjeu est en effet là : avant même de penser à décoloniser d’un point de vue institutionnel comme nous le souhaitons, il faut avant tout décoloniser notre esprit. Et cela passe entre-autres par un travail des médias, et en particulier de la presse qui doit nous permettre d’acquérir par son travail d’autres grilles d’analyses que celles qui sont offertes par le milieu majoritaire.
Ainsi, en mettant en priorité et en étudiant le fond de ce qu’il se passe dans notre pays comme dans ceux voisins, cela permet de fait de casser cette vision coloniale de notre environnement que l’on nous impose.
Alors, ensemble, luttons pour la décolonisation de notre environnement médiatique et battons-nous pour offrir une presse locale, engagée, décoloniale et anti impérialiste !

Mathieu Raffini

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