La politique des trois petits singes

13 octobre 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Vraisemblablement, Didier Robert va nous sortir demain l’un des coups de com’ dont il a le secret. Une « renégociation » des accords de Matignon, dont on se demande bien comment sortiront « 2.000 bus au GPL, dans chaque ville, chaque quartier, chaque écart, roulant en site propre »…On sait qu’un bus de ce genre coûte environ 350.000 euros pièce. On sait aussi que le « nouveau » protocole devrait consacrer environ 350 millions d’euros au Trans-éco express, censés remplacer les 1,6 milliards du Tram-train. Un tram-train voulu par les Réunionnais, que l’Alliance avait d’ailleurs proposé au nouveau président de sauver par une politique d’union sacrée, sans que cette démarche d’intérêt général ne soit le moins du monde entendue ou relayée.

En sortant de chez François Fillon, Didier Robert devrait donc avoir de quoi financer un peu plus de 1.000 bus. Qui va payer les 1000 autres, les salaires des 2.000-3.000 chauffeurs, l’entretien, et surtout, l’aménagement des voies réservés sur les routes et chemins de chacune de nos villes, chacun de nos villages, chacun de nos écarts ?
Mystère.
Mais bon. On verra bien comment Didier Robert tournera l’affaire jeudi. On verra très vite, surtout, comment il va s’en tirer sur le terrain et les routes de La Réunion. Disons, sans faire de jeu de mots, qu’il est attendu au tournant.

Ce qui ne fait aucun doute, c’est que le coup de com’ à Matignon est fort bienvenu pour détourner l’attention du "coup d’cogne" que le même Didier Robert vient de mettre à son pays et à sa jeunesse, en votant la réforme de la retraite conduite par Eric Woerth, avec le ferme soutien de Nicolas Sarkozy. Un texte qui, comme le disait hier encore Gilles Leperlier sur les ondes de radio-KOI, promet une vieillesse de misère à la moitié des jeunes Réunionnais d’aujourd’hui.
Voilà qui devrait rappeler à tous ceux qui ont la mémoire ou les idées courtes que l’ancien maire du Tampon, très fier d’être Président de Région, est aussi un député UMP. Et qu’il est de surcroît, membre du bureau politique de l’UMP. Trois photocopies sarkozystes pour le prix d’une. Evidemment, vu l’impopularité de la majorité et du parti présidentiels, l’occupant de la pyramide inversée se fait fort discret sur le chapitre de ses attributions parlementaires et de son appartenance au gratin de la Sarkozye. Malgré tout, il obéit au doigt et à l’œil : non seulement il a voté la casse de nos retraites, mais en tant que dirigeant national du parti de Nicolas Sarkozy, il l’a préparée, pensée, réfléchie. Comme il l’a fait pour tout le reste, y compris pour les textes contre les immigrés. En permanence entre l’Hexagone et La Réunion, où se multiplient les manifestations et les mouvements sociaux, l’agent triple de l’Elysée adopte des deux côtés de la mer la politique des trois petits singes : il n’a rien vu, rien entendu, et surtout, il n’a rien dit.

G.G.-L.

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