La politique du kilomètre (aérien)

25 septembre 2010, par Geoffroy Géraud-Legros


Six mois ont passé depuis le 21 mars, date à laquelle l’élection triangulaire a fait basculer la Région Réunion dans l’escarcelle du parti de Nicolas Sarkozy. En termes de réalisations, le bilan de l’équipe entrante est proprement inexistant. Ou peut-être faudrait-il écrire “salement”, car si elle n’a rien fait, la majorité a fait beaucoup d’efforts pour casser le travail de ses prédécesseurs. Exit le tram-train et ses milliers d’emplois, à la poubelle la MCUR, ses programmes scolaires, ses collections, ses enquêtes de mémoire... A la place, néant. Zèf. Zéro calebasse la fumée grand bois. 

Pourtant, on ne peut reprocher à la nouvelle majorité d’être statique : les conseillers régionaux UMP ne tiennent littéralement pas en place, et si le kilomètre aérien constituait la mesure de l’efficacité publique, la pyramide inversée se placerait sans doute au premier rang national pour ses performances. 

L’exemple vient d’en haut : il y a deux jours, le blogueur Pierrot Dupuy nous servait les photographies d’une nouvelle gloutonnerie organisée par la Région, cette fois-ci sur les bords de Seine. Inévitable maître de cérémonie, Didier Robert, dont on ne compte plus les déplacements depuis son élection. Qui a payé le billet de M. Dupuy ? Qui a régalé ? Mystères. La com’ régionale avait pris soin d’annoncer que Patrick Karam offrait la tournée. Il semble pourtant que c’est bien l’IRT qui a réglé la facture — salée —, information confirmée par le “JIR” d’hier. 
Un détail, sans doute, pour M. Robert, reparti… en Suisse, où l’on sait être tolérant sur le chapitre des dépenses et des recettes. 
Cette promenade alpestre s’ajoute à une série de voyages où les nécessités du travail ont su laisser place au plaisir et à l’agrément. Détente et relaxation aux Canaries en marge d’une rencontre internationale, bronzette à l’île Maurice il y a peu, en compagnie de gardes du corps et d’une fraîche recrue de l’IRT, histoire de préparer la rentrée sociale les pieds dans l’eau. Lorsque la Région voyage, elle fait comme la croisière : elle s’amuse.

Pour ce qui est de “bat’ carré”, les élèves font concurrence au maître : ainsi, Jean-François Sita a passé près de trois semaines en Australie, pour y organiser un festival de musique. La négociation n’a pas dû lui coûter trop de temps, puisque, d’emblée, la Région a annoncé qu’elle paierait tout. Un usage généreux de l’argent public, qui aura permis sans doute à M. Sita de prendre quelques vacances sous le soleil de l’île-continent… à l’image d’autres aventuriers du Conseil régional, partis “bat’ carré” au Brésil en compagnie de Daniel Gonthier, qui a paraît-il mené au sommet de l’UNESCO la délégation la plus nombreuse du monde.
Pas égoïstes pour un sou, nos grands voyageurs sont toujours prêts à emmener famille et amis : telle Jacqueline Farreyrol, qui insiste pour faire voyager en première classe sa nièce, qu’elle vient de faire embaucher à l’IRT. Devant de tels états de service, il faut donc rendre justice à la Direction régionale : parvenue au huitième de son mandat, son bilan n’est pas léger : il est aérien.


G.G.-L.


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