La porte de la renégociation

23 mai 2005

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Quand ça les arrange, les partisans du “oui” nous dépeignent une Europe aux horizons larges, ouverts et démocratiques. L’espace politique que viendrait construire le projet de Traité constitutionnel soumis à référendum serait le plus accompli de ceux qui ont été adoptés jusqu’à présent.
Il faudrait presque les croire sur parole. Poule affamée ne rêve-t-elle pas de maïs ?
En réalité, un groupe de “conventionnels” taillé sur mesure et sans mandat populaire a concocté pendant un an et demi un texte que l’on fera circuler un jour dans les ateliers de lutte contre l’illettrisme, comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire.
On prétend que cette Convention était la “crème” européenne, la quintessence de l’union des gouvernements et des peuples ! Voyez large, nous dit-on, voyez européen ! Sortez de vos cuisines gouvernementales “locales” et des guéguerres qui cuisent et recuisent toujours dans les mêmes marmites. Non, ce n’est pas un “raffarendum” ! etc... Participez à ce grand projet sans frontières qu’est la construction européenne !
Mais les mêmes personnes, mises devant l’obstination d’un “non” argumenté et de conviction, perdent de vue tout d’un coup leurs grands horizons européens et ramènent le débat dans ses frontières politico-franco-françaises. Mais regardez-vous un peu, disent-ils aux défenseurs d’une Europe sociale, démocratique et solidaire, regardez votre "attelage"...! "Avec qui allez-vous renégocier le Traité ?", leur demandent-ils. Comme si la renégociation devait se passer entre les seuls porteurs du “non” français. Où est passé leur grand espace européen ?
Faisons un pari : l’ouverture de la porte de la renégociation du Traité, qui suivra une victoire du “non” le 29 mai, va relancer les luttes sociales à travers toute l’Europe. En commençant peut-être par ces pays où le Parlement a dit “oui”...

Pascale David


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