La « priorité pour La Réunion », c’était les embouteillages ?

15 juin 2011, par Geoffroy Géraud-Legros

Rappelez-vous des dernières lignes droites de l’avant Régionales : tout d’un coup, médias et réseaux sociaux s’emparaient de la question de la Route du Littoral, tentant d’en faire l’enjeu central de l’élection qui approchait. Aux dépens de toute honnêteté intellectuelle, les zélotes de l’UMP répandaient sur les radios, dans les journaux et plus encore sur la toile, que la « corniche » n’avait jamais été si meurtrière. Faux, puisque les usagers étaient protégés des chutes de pierres au terme de plusieurs années de travaux, après la pose de filets initialement étudiés pour arrêter course des sous-marins. Surtout, tout ce beau monde passait sous silence l’existence d’un projet bien avancé et bien près d’être ficelé, de construction d’une nouvelle route au moyen des crédits débloqués pour le duo tram-train-route littorale par les accords de Matignon.
Un populisme suivant l’autre, la nouvelle direction régionale n’a eu de cesse d’affirmer que l’ouverture d’une nouvelle série de voies entre Saint-Denis et La Possession constituait la priorité des priorités pour La Réunion – noter la délicatesse de cette déclaration envers les usagers du Sud et de l’Est, qui ne l’emprunteront jamais mais devront la payer. Depuis, il ne se passe pas une semaine sans que vos journaux (sauf celui que vous avez en main) ne reproduisent, contre espèces sonnantes et trébuchantes, de vastes et belles images de synthèse qui donnent à voir la route de demain. Hissée sur des colonnes à hauteur pharaoniques – comme qui dirait -, cette voie titanesque tout en papier déroule sur l’océan huit voies majestueuses, dont l’une devra accueillir le train que ses entrepreneurs viennent précisément de supprimer au moment où il allait être bâti. Il faut suivre.
Un dessin que M. Lagourgue, qui est avocat et sait donc ce qu’il dit lorsqu’il parle de droit, a qualifié de publicité mensongère : l’édifice vendu dans les journaux compte 8 voies, alors que le projet réel de la Région en compte 6, ce qui n’est déjà pas mal.
Loin de tout cela, vous êtes, lecteurs, nombreux à vous frotter à une tout autre réalité : celle des paquets de mer, des chutes de galets, de la pluie, des basculements… et, bien sûr, des embouteillages. Ceux d’hier ont, on l’a bien senti, déclenché une colère des usagers que l’attitude des autorités régionales n’a guère améliorée. Il faut dire que le je-m’-en-foutisme d’un Dominique Fournel déclarant qu’il ne « ferait pas de miracles » a de quoi agacer, venant de quelqu’un qui promet que d’ici peu, tout le pays roulera sur les eaux, gratuitement, et en ayant déboursé moins que ne le prévoyait le plan pourtant sensiblement plus raisonnable de route à 4 voies, arrêté avant mars 2010.
Ne donnons pas dans la même démagogie que l’UMP : il n’était évidemment pas possible de résoudre en une année ce problème qui nous empoisonne l’existence depuis des décennies. Mais avoir abandonné un projet de voie étudié et dûment financé, bazardé de surcroît un chemin de fer, pour dessiner un grand-n’importe- quoi-sur-mer qui, de l’avis des gens sensés, ne se fera jamais, c’est vraiment se moquer des usagers. Lesquels sont aussi, rappelons-le, des contribuables dont on va dépenser l’argent en vaines et interminables études. C’est à se demander si la « priorité pour La Réunion », ce n’était pas, en fin de compte, de promouvoir les embouteillages.

G.G.-L.


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Messages

  • la situation de basculement est aggravée par des travaux côté mer , mais il faudrait analyser le pourquoi du comment d’un tel traffic entre l’ouest et le nord !
    car selon moi , beaucoup trop de gens habitent l’ouest et travaillent sur st Denis , en prime les automobilistes sont majoritairement seuls à bord.
    et aujourd’hui ? rebelotte ! et pourtant les gens étaient avertis depuis hier....
    c’est trop n’importe quoi de tous côtés !

  • Mi pense que le rail sera la solution, et tout ceux qui on partciper à faire capoter le projet initiale sont aussi réprehensible.
    hélas pour eux de subir .
    Du travail en moins pour les locaux , les responsables sont aux abonnés absent que la confusion du temps perdu, le tonneau danaïdes Cabris i mange salade sur le dos des contribuables "vives les temps des colonnies


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