La Région sous tutelle UMP

9 novembre 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Il aura fallu qu’un journaliste de RFO tende une perche (de micro) au président de la Région sur la route des Tamarins ouverte aux vélos pour que ce dernier consente à dire pourquoi il a décidé, il y a peu, de retirer la Région Réunion de l’Association des Régions de France (ARF)… et d’intégrer la très sarkoziste AERF (Association des élus des Régions de France). Une question qu’il s’était bien gardé d’aborder devant les élus, lors de l’Assemblée plénière du 4 novembre dernier.

Sans doute craignait-il qu’on ne lui reproche cet énième glissement vers le pouvoir personnel : car enfin, c’était la collectivité, et non la personne de Didier Robert, qui était jusque-là membre de l’ARF. En sortir pour intégrer une structure ultra-minoritaire, qui compte pour seuls membres le président de la Région Alsace et les conseillers d’opposition les plus "ultra" de la Droite hexagonale, aurait — au moins — mérité un exposé devant l’Assemblée régionale.

Mais dans le système de pensée de Didier Robert et dans son système tout court, les mandats, c’est comme les responsabilités et les indemnités : ce sont des titres de propriété, dont on dispose comme selon son bon plaisir, et dont on s’emploie à retirer les plus grands bénéfices possible. Sur le plan économique, comme sur le plan politique. Car en rejoignant l’association-croupion des conseillers régionaux UMP, l’ancien maire du Tampon n’a qu’un seul objectif : se faire bien voir du pouvoir en place, et montrer au locataire de l’Élysée — lequel s’en croit, lui aussi, propriétaire — qu’il est un fidèle entre les fidèles. Après tout, il y a du remaniement dans l’air...

L’argument développé par Didier Robert à l’appui de sa décision est d’ailleurs assez éloquent : le tort de l’ARF est à ses yeux d’avoir « publié un document hostile au gouvernement ». Des termes presque identiques à ceux du président de l’AERF, Philippe Richert. En juillet dernier, ce dernier se plaignait de la résistance opposée par l’Association des Régions de France aux réformes des collectivités et des taxes professionnelles, qui dépouillent les Régions de leurs moyens d’action et les délestent de leurs ressources. En rejoignant l’AERF, Didier Robert met la Région Réunion sous tutelle de l’UMP. Et donne à l’Exécutif l’assurance qu’elle se laissera désormais plumer sans rouspéter.

G.G.-L. 

Nicolas SarkozyDidier Robert

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