La Réunion et le déclin de l’Occident

24 janvier 2017, par Manuel Marchal

Une des premières décisions du nouveau président des États-Unis a été de suspendre la participation de son pays aux négociations de l’accord de libre-échange Transpacifique. Ce traité vise à créer une organisation économique dans cette région du monde, en excluant la Chine. Lors de sa campagne électorale, Donald Trump n’a pas été avare de déclarations visant la Chine, qu’il considère comme un adversaire des États-Unis. Cette décision n’est donc pas un soudain revirement de position. En effet, depuis le début de son mandat, Donald Trump a pour le moment fait des choix en rapport avec ses engagements. C’est ce qui est en train de se passer au sujet de la remise en cause de la loi réformant la protection sociale mise en œuvre par son prédécesseur.

Ce retrait du traité Transpacifique est une illustration du déclin des États-Unis. Il est inéluctable, car il correspond au retour au premier plan de pays qui étaient les principales puissances économiques avant la colonisation, la Chine et l’Inde. Dans une récente interview à Sputnik, Bruno Guigue rappelle qu’en « en 2010, la part des USA dans le PIB mondial était de 25 %. Elle sera de 16 % en 2025. En 2050, elle sera de 9 % contre 33 % pour la Chine et 8 % pour l’Inde ». C’est la conséquence d’une mondialisation ultra-libérale des échanges qui se retourne contre les pays qui ont voulu l’imposer. Les puissances capitalistes de l’Occident pensaient en effet que la libéralisation des échanges vers les pays émergents allaient leur permettre d’inonder ces nouveaux marchés de leurs produits. Elle a finalement entraîné la désindustrialisation de l’Occident. Les États-Unis n’y échappent pas, et le programme de Trump est une tentative désespérée de vouloir revenir à l’ancien temps.

L’affaiblissement économique des États-Unis se traduit sur le plan politique. Depuis hier a débuté à Astana au Kazakhstan une conférence de paix sur la Syrie. Elle se déroule sous l’égide de la Russie, de la Turquie, de l’Iran et du gouvernement syrien. Les États-Unis n’y sont pour rien et ne mèneront pas les discussions. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, c’est la première fois que les USA ne sont pas parties prenantes dans le règlement d’un conflit de cette importance, dit en substance Bruno Guigue à Sputnik.

Autrement dit, la radicalisation des discours ou de déploiement de porte-avions dans le monde ne pourront pas empêcher le déclin des États-Unis sous le poids de deux phénomènes : croissance démographique et mondialisation des échanges.

Ce déclin entraîne celui de ses alliés européens, touchés par le même phénomène de désindustrialisation. Il amène également au pouvoir des représentants d’idéologies proches de l’extrême droite, quand ils n’en font pas partie.

La situation sociale de La Réunion est extrêmement préoccupante. Mais plusieurs décennies de combat ont permis d’arracher l’égalité sociale. Elle donne droit aux mêmes protections sociales qu’en France. Elles permettent donc aux plus pauvres de ne pas mourir de faim. On imagine alors aisément la catastrophe que pourrait représenter pour La Réunion l’arrivée d’un pouvoir en France qui voudrait remettre en cause la Sécurité sociale. Pour que La Réunion ne dépendent pas des soubresauts de l’alternance en France, il est important que les Réunionnais puissent avoir les moyens de prendre leurs responsabilités pour gérer les affaires qui les concernent. C’est le sens de l’appel du PCR pour son 9e Congrès.

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