La Reunion isolée dans son voisinage
11 mars 2016, par
Nous apprenons que le Secrétaire Général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon pourrait être présent au 16e Sommet de la Francophonie qui se tient dans la capitale Malgache, en novembre prochain. Pour l’heure, il n’a pas encore répondu à l’invitation du Président, Hery Rajaonarimampianina, comme du reste la majeure partie des invités (80 pays). Mais s’il se déplace, ce serait un événement exceptionnel qui relancera Madagascar dans le haut niveau du concert des Nations.
La Reunion, située seulement à 800 kilomètres, regardera passez l’histoire qui s’écrit à ses portes. Pourtant, combien de fois n’avons-nous pas attiré l’attention sur l’avenir de nos relations avec la Grande Ile, à travers un projet global de co-developpement. Hélas, à Paris, les gouvernements centraux ne comprennent rien. Nous vous livrons ici, un éditorial que nous avons publié lors des JIOI des Seychelles, en 2011. Bonne lecture.
« Quand Madagascar s’éveillera… une grande chance pour tous : quelques leçons des 8èmes jeux des iles de l’océan indien
Les 8èmes Jeux aux Seychelles achèvent un cycle d’une décennie de rencontres sportives qui ont mis en mouvement des dizaines de milliers de jeunes de nos îles. Au-delà de la recherche des performances sportives légitimes, l’expérience acquise permet aujourd’hui la tenue des compétitions dans d’assez bonnes conditions. La réussite des Seychelles, soutenus par ses 85.000 habitants, l’atteste parfaitement. Il n’y a plus de complexe.
Sur un autre plan, nous disposons désormais d’un recul historique suffisant pour entamer un travail d’approfondissement des connaissances en la matière. Cela devrait tout aussi bien passionner la jeunesse de nos îles. Quelques travaux existent, mais ne constituent pas encore un travail de suivi coordonné à l’échelle des pays participants, comme pour les Jeux. Gageons que ces pays en profiteront et que les acteurs trouveront là des sujets d’étude forts intéressants pour des jeunes en quête de reconnaissances et de compétences.
Plusieurs éléments peuvent nourrir la réflexion : le pays hôte a même failli terminer premier et s’offrir une victoire nationale ! Comment, avec si peu de population, une sélection des meilleurs athlètes a tenu la dragée haute aux Réunionnais et aux Mauriciens ? La sélection réunionnaise s’est opérée dans une population dix fois plus nombreuse (850.000) et celle de Maurice est issue d’une population 15 fois supérieure.
Probablement, la volonté politique a primé. C’est une affaire nationale. Les Seychellois ont beaucoup misé sur leurs sportifs depuis 10 ans. Ils ont structuré des disciplines. Les résultats sont là. Dans ce registre, on peut aligner également La Réunion et Maurice. Ces 3 pays ont mis les moyens économiques à la disposition des objectifs convoités. Ils en disposaient.
L’autre facteur qui va modifier les performances des sélections à venir repose sur l’évolution démographique. Le sport relève de la jeunesse du pays. Or, toutes les études montrent que les trois premiers pays au palmarès des médailles, La Réunion, les Seychelles et Maurice, achèvent en ce moment leur transition démographique. Pour La Réunion, le délai s’allongera un peu plus compte tenu de l’indice de fécondité des femmes qui voisine les 2,5, alors qu’aux Seychelles, il est de 1,85 et Maurice 1,65.
Le plus significatif, c’est Madagascar, où l’indice de fécondité est de 4,68 pour une population estimée actuellement à 23 millions d’habitants. Les experts évaluent qu’à la fin de sa transition démographique, le pays comptera environ 40 millions d’habitants, soit une population équivalente à celle de la France après la guerre, il y a un demi-siècle.
Une réflexion approfondie sur l’avenir des Jeux et celui de l’unité des jeunes des îles de l’océan Indien doit intégrer les facteurs sociaux, économiques, démographiques et politiques du développement durable.
Le jour où Madagascar sera politiquement stabilisé et les perspectives suffisamment dégagées, la jeunesse malgache va retrouver ses couleurs nationales et porter les performances du pays à un niveau jamais égalé. Les Jeux seront beaucoup plus animés, suivis et soutenus (réellement) par 3 fois plus de population qu’aujourd’hui. A n’en point douter, quand Madagascar s’éveillera, ce sera une grande chance pour nous tous ».
Sans commentaire,
J.B.