Lampedusa dans l’Océan Indien

4 octobre 2013

Deux faits divers ont ébranlé l’actualité hier. Le matin, le monde apprenait que le plus grand naufrage de migrants clandestins venait de se dérouler en Italie. Parti de Libye, un frêle esquif a traversé la Méditerranée avec 500 personnes à bord. Malgré les avaries, il est arrivé en vue des côtes italiennes. Mais c’est là qu’il a coulé.
Quelques heures plus tard, les agences relayaient le lynchage de trois Européens à Nosy Bé à Madagascar. Plusieurs enlèvements d’enfants ont créé un climat très tendu. Trois personnes désignées par la vindicte populaire ont été jetées dans un brasier.

Tous ces faits traduisent une tension. Et plusieurs données montrent que si rien ne change, cela ne va pas retomber. Pour Madagascar, la pauvreté favorise la violence. La Grande île va continuer à voir sa population augmenter. Elle sera autour de 40 millions d’habitants dans 30 ans, et elle se stabilisera bien au-delà. Cette croissance démographique va peser, et si les inégalités ne se réduisent pas, la violence augmentera aussi.

La hausse de la population mondiale concernera principalement le continent africain, dit l’Institut national d’études démographiques. À elle seule, l’Afrique comptera à la fin du siècle plus de 4,5 milliards d’habitants, dont 3,8 milliards dans la région australe qui englobe Madagascar. Le troisième pays le plus peuplé du monde sera africain : le Nigeria atteindra 450 millions d’habitants, trois fois plus qu’aujourd’hui.
Si les inégalités à l’échelle du monde persistent, alors des habitants de pays d’Afrique tenteront toujours de vouloir se rendre en Europe par tous les moyens. À la fin du siècle, la population de l’Afrique représentera 10 fois celle de l’Union européenne. C’est le signe que dès à présent, des solutions doivent être trouvées pour mettre fin aux drames qui endeuillent la Méditerranée. Sinon, le naufrage d’hier ne sera que la triste répétition du quotidien de demain.

Cette recherche de solution n’exclut pas La Réunion et Mayotte. Ces deux îles sont intégrées dans l’Union européenne, et elles sont aux frontières de la zone du monde qui connaîtra la plus forte augmentation de population.
Si l’objectif n’est pas l’égalité entre tous les habitants du monde, alors nous sommes à la veille de tragédies bien plus graves qu’à Lampedusa.

 J.B. 


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