Le bal des débutantes

26 novembre 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Vote de confiance, avant-hier, à l’Assemblée nationale. Un rituel, au cours duquel le Premier ministre « rentrant » a exposé au Parlement les grandes orientations de son gouvernement...et justifié la politique du précédent.
Pas précisément le genre de moment où le suspense est à couper au couteau : le Parlement, dans la Vème République, n’est presque jamais en mesure d’en imposer à l’Éxécutif. Le Premier ministre parle, la majorité l’approuve. Le vote de confiance, ce n’est pas vraiment l’épisode le plus folichon de la vie parlementaire.
Si le chef du gouvernement n’était pas nouveau, les rangs de l’Assemblée comptaient une débutante, en la personne de Jacqueline Farreyrol... qu’on aurait pu croire, enchantée qu’elle était, de retour du bal.
« Formidable ! Et quel grand homme ! » expliquait-elle en substance aux médias, louant un François Fillon à qui elle s’est sans doute retenue de demander un autographe. Jacqueline Farreyrol n’est pourtant pas née de la dernière pluie : voilà près de quatre décennies qu’elle ferraille, guitare à la main, pour une certaine conception de l’identité réunionnaise. Pour le patois, contre la langue ; pour l’art récréatif, contre l’art engagé ; pour le folklore, contre la culture.
Un combat d’ailleurs fort politisé, qui l’a portée finalement de l’arrière-garde artistique… aux arrières-cuisines électorales. Second rôle auprès de René-Paul Victoria, elle s’est retrouvée à l’ombre d’un autre homme, devenant en 2007 la suppléante de Didier Robert. Certaine de demeurer dans l’histoire de la variété réunionnaise, Jacqueline Farreyrol semblait en revanche promise à l’oubli politique.
Elle entre aujourd’hui au Palais-Bourbon à la faveur d’un invraisemblable tripatouillage institutionnel de Didier Robert. Comment va se comporter la chanteuse, qui a toujours mis en avant une certaine posture sociale et populaire ? Dans la mesure où François Fillon, qu’elle trouve si "formidable", s’est glorifié d’avoir imposé une réforme des retraites injuste à un peuple qui n’en voulait pas, les Réunionnais ont un élément de réponse : Mme Farreyrol sera la fidèle réplique de son prédécesseur à l’Assemblée nationale.

G.G.-L.

Jacqueline Farreyrol

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