Lé “békèr d’klé” de la République

12 décembre 2007, par J.M.C.

Le problème de l’emploi est crucial à La Réunion (30% de chômage dont une grosse partie de jeunes de plus en plus diplômés). Une véritable catastrophe sociale. Mais il n’y a pas trop longtemps encore, le mot même de chômage était relativement inconnu à La Réunion. On connaissait quelques “békèr d’klé” qui, par définition, arrivaient presque toujours a bèk in pti klé.

C’est à partir des années 70 que le chômage a pris un caractère systématique et massif. En fait, l’intégration de l’économie réunionnaise (sous développée) dans un ensemble économique développé (l’économie française), où la concurrence était libre et non faussée, a fini par jeter à la rue les premières charrettes de licenciés créant ainsi un phénomène nouveau qui sera durable. Les élections municipales qui ont eu lieu en 1971 se sont déroulées dans ce contexte de plus en plus difficile de chômage massif. À un point tel que des municipalités démocratiques nouvellement élues ont inauguré à La Réunion le système de travail par roulement dans un certain nombre de communes. Même s’il a amené un énorme soulagement, ce système injuste a, bien évidemment, été décrié. Ce n’était pas une solution durable autour de laquelle pouvait s’organiser, se construire un projet de vie.

On pensait cette période révolue. Mais quel n’est pas notre étonnement de voir qu’aujourd’hui, c’est l’administration de l’État elle-même qui organise sans scrupule le travail par roulement. On embauche des milliers d’emplois jeunes ou des aides éducateurs ; au bout de 5 ans, on les dégage pour les remplacer par des surveillants d’éducation. Et là, dans le cas des TOS licenciés par centaines, et qui manifestaient hier, on les dégage après 8 ans de service en disant que l’on va embaucher à leur place des gens sous statut de Contrat d’avenir. Les termes changent, mais les fonctions demeurent, c’est bien là la preuve que l’État organise officiellement le roulement du travail.

Comment s’étonner après cela que dans certaines administrations il y ait plus de précaires que de titulaires ?!

J.-M. C.


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