La logique du traître

Le cas Pausé/Alamélou

4 février 2012, par J.B.

Nous avons consacré un billet sur « l’inconscience du traitre », en nous référant à Figaro, l’esclave qui avait trahi Élie et ses camarades de combats, en 1811. Beaucoup de manifestations ont eu lieu en 2011 pour commémorer le bi-centenaire de la révolte des esclaves de Saint-Leu qui s’est traduite par « 40 rebelles tués, 145 emprisonnés et 25 condamnés à mort dont 15 décapités publiquement dans 5 communes » (voir “Témoignages” du 2 décembre). Le traître avait eu tous les honneurs de la classe dominante pour son geste.

Il y a bien une logique à la trahison : celle-ci repose sur l’incapacité du traitre à comprendre l’Histoire. Il pense régler un compte dans l’instant sans savoir que c’est l’Histoire qui juge les actes des femmes et des hommes publics. Figaro avait-il pensé, au moment où il trahissait ses camarades, que longtemps après on continuerait à s’interroger sur ses forfaits ?

Pour justifier sa démarche, Yolande Pausé raconte qu’elle n’a pas du tout apprécié que son Parti l’accuse de « traître ». Alamélou déclare qu’il a été « désigné par le peuple », sous-entendu qu’il n’a rien à voir avec le Parti. Et, quand on leur rappelle au respect de leurs engagements : solidarité et parole donnée, ils refusent. Ils auraient pu arrêter là les frais, mais c’est plus fort qu’eux : ils s’organisent pour combattre le Parti, à l’intérieur comme à l’extérieur.

À ce moment, ils sont dépassés. Ils sont entraînés, malgré eux, dans le tourbillon de l’Histoire dominée par les anti-communistes. Pour ceux qui avaient encore un doute sur le sens de leur geste, le Front national s’enfonce dans la brèche qu’ils ont ouverte, et signe un communiqué pour « faire barrage à Maurice Gironcel » !

La trahison a bien sa logique que bien souvent le traître ignore.

En refusant d’appliquer la solidarité envers Maurice, un camarade frappé par une injustice, ils se présentent en victimes de la décision du Parti et finissent par le combattre ouvertement. En passant, ils ont tenté de diviser les communistes en faisant croire qu’ils n’ont « rien contre le Parti » mais ils ont un compte à régler avec Maurice.

Ce débat a été tranché dimanche dernier. Le peuple de Sainte-Suzanne a signifié clairement qu’il veut voir Maurice comme maire. Il l’a mis à l’abri en lui accordant 43,5% des voix ! Les traîtres auraient pu accepter le verdict populaire. Mais, c’est plus fort qu’eux : ils ont déjà trahi leur parole, leur camarade, leur Parti ; demain, ils s’apprêtent à trahir le peuple.

Que les électrices et les électeurs de Sainte-Suzanne donnent une bonne leçon de savoir-vivre à tous ces « Figaro » modernes !

J.B.

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