Le commerce avec les voisins de La Réunion : un moyen de faire baisser les prix et la tension sociale

14 février 2023, par Manuel Marchal

Retraites, producteurs de fruits et légumes, éleveurs de volailles, surveillants de prison et médecin : mouvements sociaux et manifestations se multiplient à La Réunion. Ceci traduit la persistance de la crise sociale, favorisée par l’impact d’événements ayant lieu à des milliers de kilomètres de notre pays. Un coût de la vie intolérable favorise cette crise sociale.

Ce jeudi, une nouvelle journée de mobilisation pour le retrait du projet de loi sur les retraites est prévu à La Réunion. S’il est appliqué dans notre pays, ce projet aura des conséquences encore plus dramatiques qu’en France, compte-tenu du fort taux de chômage, d’un coût de la vie plus élevé et de la politique de bas salaires largement mise en œuvre par le patronat.

Hier lundi, deux actions d’agriculteurs ont marqué l’actualité. À Saint-Denis, les organisations syndicales et de producteurs de fruits et légumes ont défilé entre la Préfecture et le Conseil départemental. Ils ont rappelé au préfet et au président du Département que le doublement du prix des intrants et l’inflation menacent la survie de nombreuses exploitations agricoles.
À l’Etang Salé, des éleveurs de volailles ont bloqué l’entrée de l’abattoir. Ils revendiquent un meilleur partage des richesses, notamment pour faire face à la hausse des prix des intrants et à l’inflation.
Hier, les surveillants de la prison du Port ont également manifesté. Ils revendiquent un personnel plus nombreux et la fin des transferts de détenus depuis Mayotte.
Aujourd’hui, ce sont les médecins libéraux qui sont en grève. Ils demandent notamment une hausse du prix de la consultation chez un généraliste en tenant compte de l’inflation.

Parmi les causes de ces manifestations : des conséquences de décisions prises à plusieurs milliers de kilomètres de La Réunion, que les Réunionnais ne peuvent seuls influencer. À cela s’ajoute une particularité : la quasi-totalité des importations sous forme de matières premières ou de produits finis viennent de continents très éloignés : l’Asie et l’Amérique pour l’énergie notamment, l’Europe pour les biens de consommation. Le commerce avec les pays voisins est négligeable : La Réunion est, avec Mayotte, un des rares si ce n’est les seules entités de l’hémisphère Sud dans cette situation.
L’Europe est le continent le plus solvable, c’est donc là que les prix sont les plus chers, et c’est de là que viennent la majorité des importations. Ceci favorise un coût de la vie élevé.

Ceci rappelle l’importance d’élargir les échanges vers les voisins afin que tout ce qui n’est pas produit à La Réunion puisse être importé de pays proches, où le coût de production est plus faible qu’en Europe. Ceci doit faire logiquement baisser les prix, à conditions que les importateurs et distributeurs ne profitent pas de la situation pour gonfler leurs marges. Mais dans le cadre actuel, les discussions commerciales entre La Réunion et ses voisins sont la responsabilité de l’Union européenne. Et dans ce cadre, La Réunion est considérée comme une région européenne bien qu’elle se situe à près de 10000 kilomètres de ce continent. Comment alors lutter contre la vie chère si les Réunionnais sont privés d’un approvisionnement plus proche et meilleur marché ?

M.M.

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