Le créole oublié

2 mars 2006

Mardi soir, dans l’émission “C dans l’air” sur Tempo, nous avons pu entendre une approche originale de l’épidémie de chikungunya : celle de Françoise Vergès, une universitaire réunionnaise, à la fois spécialisée dans la science politique, l’histoire et la culture.
Après avoir souligné le "grand désarroi" de la population réunionnaise, confrontée à des douleurs multiples et à des souffrances variées, Françoise Vergès a mis l’accent avec raison sur un aspect aggravant de la crise : à savoir que de nombreux Réunionnais ont été mis dans l’impossibilité de comprendre la maladie, ses causes et ses conséquences non seulement parce qu’ils ont été privés d’informations mais aussi et surtout parce que l’on n’a pas tenu compte de leur langue.
Pour la chercheuse, il est bien sûr très important de dire la vérité au peuple mais aussi de lui donner "des informations très simples et très claires en langue créole". Sur cette base, elle a déclaré qu’il faut "mener une campagne d’éducation citoyenne avec les Réunionnais afin qu’ils s’approprient les moyens de combattre cette maladie et ses séquelles".
Au-delà du débat sur les retards de l’État dans la lutte contre l’épidémie qui a frappé une population démunie et une société fragile, Françoise Vergès a insisté sur la nécessité de prendre en compte les dimensions culturelles et sociologiques du fléau. Le professeur Gilles Brucker, directeur de l’Institut de veille sanitaire, a reconnu que ces propositions de l’universitaire réunionnaise sont "très importantes" et qu’il faudra désormais "renforcer l’approche socio-culturelle des crises sanitaires".

L. B.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus