Le droit des Réunionnais de décider

18 mars 2016, par J.B.

70 ans après le vote de la loi du 19 mars 1946, un large sentiment émerge : le système est à bout de souffle. Les indicateurs sont connus. La Réunion est qualifiée de département socialement hors-norme. Elle compte 180.000 demandeurs d’emploi. Plus de la moitié des jeunes sont au chômage. Il manque plus de 20.000 logements sociaux. Plus de 110.000 personnes sont encore touchées par l’illettrisme. La Réunion est le département où les inégalités sont les plus fortes dans la République. Près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Avec des revenus plus faibles qu’en France, la population doit faire face à un coût de la vie plus cher.

Ces données sont le bilan de ces 70 ans. La loi du 19 mars 1946 prévoyait pourtant l’égalité au 1er janvier 1947. Ceci étant fait aurait dû s’ouvrir l’ère du développement de La Réunion. Elle aurait été ainsi préparée au changement à venir : son intégration dans une zone de libre-échange de plus de 600 millions d’habitants comprenant les pays de l’Afrique orientale et australe.

C’est le refus d’appliquer cette loi a fait prendre un retard considérable. Il se traduit aujourd’hui dans les indicateurs de la crise sociale et économique de La Réunion.

Le gouvernement a pris conscience d’une remise à plat, reconnaissant implicitement que la loi du 19 mars 1946 n’a pas été appliquée. En effet, Victorin Lurel a été chargé d’un rapport sur l’égalité réelle. Le député le qualifie de « big bang social et économique » dans tout l’outre-mer. Ce rapport doit inspirer une loi qui va fixer la stratégie pour les prochaines décennies. C’est donc la croisée des chemins. Depuis 70 ans, les Réunionnais paient le prix de décisions à l’origine de la crise : refus de l’égalité, extension du supplément colonial dans la fonction publique, suppression du chemin de fer et manque d’anticipation de la croissance démographique.

Une fenêtre de tir s’ouvre. C’est la dernière occasion pour espérer corriger les conséquences de la non-application de la loi du 19 mars 1946 et donner à La Réunion les moyens de se développer dans un environnement qui n’a plus rien à voir avec ce qu’elle a toujours connu.

Toute erreur amplifiera la crise pour des dizaines d’années. Pour le PCR, les propositions contenues dans le rapport Lurel ne prennent pas en compte des données qui s’imposeront à La Réunion. C’est en particulier son intégration dans l’ensemble économique créé par la signature entre l’Europe et les pays voisins de l’accord de partenariat économique. Dimanche prochain à Sainte-Suzanne, le rassemblement organisé par le PCR marquera l’ouverture de cette nouvelle bataille : comme en 1946, c’est aux Réunionnais de décider de leur avenir.

J.B.

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