Le FMI à Maurice

24 janvier 2019

Une délégation du FMI était en mission à Maurice et lors d’un point presse, le17 janvier 2019, le Ministre des Services Financiers a déclaré que son pays demeure « le deuxième plus gros investisseur en Inde ». Inquiétant.

Selon le journal l’Express, il s’agit d’une visite annuelle dans un pays membre et sa mission est réglementaire. Le but est de « faire un suivi de sa situation économique ».

A l’issue de la rencontre, le Ministre Sudhir Sesungkur a tenu un point presse.
Notre confrère retient la phrase importante : Maurice demeure « le deuxième plus gros investisseur en Inde ».

Notre voisine rate le podium à cause de Singapour mais le Ministre demande d’attendre la prochaine publication des statistiques semestrielles de la Reserve Bank of India pour en avoir le cœur net.

Justement l’avenir n’est pas clair. Selon le journal « au dire de Sudhir Sesungkur, le recul de Maurice était inévitable au vu du démantèlement du traité de non-double imposition avec l’Inde  ». C’est probablement ce qui fonde les inquiétudes de la délégation du FMI. Mais le Ministre rassure : «  j’ai fait comprendre au FMI que Maurice demeure le deuxième plus important investisseur en Inde  ».

Au fond, le Ministre sait que ces investissements volumineux correspondent à un retour de l’argent d’entreprises indiennes enregistrées en offshore mauricien pour éviter de payer des impôts réglementaires dont l’Inde aurait bien besoin.
Vu sous cet angle, l’expression Maurice est le deuxième plus gros investisseur en Inde est plus politique qu’économique.

En effet, à son arrivée au pouvoir en Inde, le nouveau premier ministre Modi s’est intéressé à la domicialisation fiscale des entreprises de son pays, une affaire qui frôle les 50 milliards de dollars uniquement pour la part mauricienne ! Par la suite, une note officielle avait même considéré l’inscription en offshore mauricien comme « à risque ».

Face au doute, les autorités politiques Mauriciennes ont multiplié les gestes de compensation pour calmer l’Inde, y compris le Traité d’utiliser Agalega comme base militaire.

Le texte de l’accord est tenu secret par le gouvernement. Des parlementaires ont essuyé un refus catégorique lorsqu’ils ont demandé le contenu du Traité.

Cette posture gouvernementale frileuse et défensive est contradictoire avec l’assurance du ministre des services financiers qui déclare à la délégation du FMI que le secteur financier « demeure solide face aux changements auxquels il fait face ».

JB


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