Le moment n’est-il pas venu de penser en Réunionnais et de penser aux Réunionnais ?

25 mai 2013, par J.B.

Nous venons de connaître une grève à la SERMAT, une des plus dures, dans un secteur où il n’y a pas de concurrence. Une grève a éclaté dans un autre monopole, l’enseigne Carrefour du puissant groupe Hayot. À la SEPUR qui agit dans un secteur protégé de la collecte publique des déchets, une grève vient de se terminer. Le mouvement ne va pas s’arrêter.

En effet, le modèle d’intégration d’une économie coloniale, La Réunion, dans une économie développée, la France, a créé un modèle économique qui rejette 30% de la population active au chômage, tout en maintenant la moitié du pays sous le seuil de la pauvreté. Les entreprises se sont adaptées à cette situation en bâtissant des monopoles qui siphonnent l’essentiel de la richesse produite à La Réunion au profit d’intérêts extérieurs. Quelques courageux se sont installés dans des niches que les premiers ont bien voulu leur laisser. Ainsi, tout ce beau monde a cru qu’il pouvait continuer à résister aux contradictions structurelles de l’intégration.

Les difficultés, en Europe et en France, sont venues bousculer ce fragile équilibre. Que le mouvement ait eu pour origine le patronat comme à la SERMAT ou les travailleurs comme à Carrefour et SEPUR, chacun essaye de s’adapter aux conséquences des crises successives. La démonstration est faite que le dernier carré de Réunionnais encore au travail est prêt à accepter des grèves dures. C’est une question de survie. La conférence de presse conjointe donnée par la CGTR et la CFDT dénonce les tensions actuelles et donne le ton pour la suite. Les 5% d’augmentation salariale obtenue à Carrefour Sainte Suzanne vont relancer la contestation dans toute la grande distribution et dans les chaînes de magasins appartenant au groupe Hayot.

C’était sans compter avec Victorin Lurel qui vient d’annoncer la suppression du RSTA, pour le 31 mai. Le RSTA est un complément de salaire d’une centaine d’euros qui était servi aux travailleurs touchant moins de 1,4 SMIC. C’était le résultat des grandes manifs du COSPAR. Et, voilà le gouvernement pris dans une contradiction fondamentale : d’un côté, il accorde 35% de vie chère à ses agents, mais refuse le RSTA à la catégorie de travailleurs la moins bien payée.

Si le gouvernement socialiste persiste dans ses erreurs, les victimes, c’est-à-dire la proportion des personnes ne pouvant pas s’acheter la vie chère, risqueront de dépasser 75% de la population.

Dans ce cas, qui veut prendre la responsabilité du redressement économique et social ? Le moment n’est-il pas venu de penser en Réunionnais et de penser aux Réunionnais ?

J.B.

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