Le monde économique et les turpitudes des politiques

12 octobre 2016, par J.B.

Revenons sur l’assemblée générale de l’ADIR et la décision du Président de Région de surtaxer le sucre importé afin de protéger la production locale. C’est bien dans une enceinte totalement acquise au libéralisme économique qu’il est fait appel aux pouvoirs publics pour compenser les contradictions du privé. Cela devient comme une habitude. A chaque fois que le capitalisme est malade, le contribuable doit mettre la main à la poche ou alors on licencie le travailleur. L’élu se rend complice en suivant les recommandations du capitaliste. Le chef d’entreprise ou l’actionnaire a l’illusion d’avoir réussi son coup.

Les capitaines d’industries de La Réunion déclarent qu’ils sont concurrencés par d’autres. Ceci n’est pas une nouveauté. Avant d’engager leur capital, ils ont dû faire des études de marchés et prévoir un plan de développement dans lequel les aléas naturels, économiques et sociaux ont été intégrés. L’autre aspect est politique. Que l’on sache, ces personnes qui se plaignent sont les mêmes qui ont voté en faveur de l’intégration européenne et soutiennent la libre circulation des marchandises !

Le PCR a beau invité le monde économique à inscrire le développement immédiat et sectoriel dans une vision globale et à long terme, rien n’y fait. Le patronat préfère la gestion à court terme, voire l’affairisme, et élit des politiques du même acabit. Pourtant, le PCR est une création réunionnaise qui subit frontalement et en permanence la pression des partis parisiens et de leurs filiales locales. La lutte est asymétrique. Dans sa déclaration du 19 mars 2016, le PCR constate qu’une situation néo-coloniale s’est installée depuis 70 ans. Si, on en est convaincu, alors il faut unir tous les acteurs et sortir par l’excellence. La preuve par Air Austral.

C’est une entreprise réunionnaise qui, dans la dure réalité néo-coloniale, avait réussi à conquérir des parts de marché en interne et ouvert des perspectives régionales et internationales. Elle a permis la création de plus de mille emplois et de nombreux personnels réunionnais. Confrontée à la question de la baisse des prix du billet, elle avait trouvé une solution innovante : l’A380 à 840 places qui permettaient une liaison à 300 euros vers la France, soit un Aller et Retour à 600 euros, toute l’année, sans gaspillage de l’argent public. Les 2 premiers exemplaires AU MONDE étaient déjà retenus pour La Réunion. Cette solution globale a été comprise par Airbus qui voyait ainsi une perspective de développement inédit par rapport à son concurrent Boeing, mais des Réunionnais n’ont pas eu la même élégance. Ils ont torpillé le projet, en jouant le (petit) jeu des intérêts du néo-colonialisme.

Ce sale travail politique accompli, la dernière étape est la vente de la compagnie, au plus bas de sa valorisation. Pas sûr que les pouvoirs publics retireront leur placement. La leçon : il n’y a pas d’économie réunionnaise viable sans vision politique réunionnaise, à long terme. Dans la foulée du torpillage d’Air Austral, il y a déjà eu la suppression du Tram-train, de la MCUR, des dizaines de projets énergétiques, de l’hippodrome, du Pôle Océan, de la Rocade du Tampon, des Zénith de Saint-Denis et du Port, etc. Au total, plus de 2 milliards d’investissement direct et des milliers d’emplois. Si toutes ces turpitudes politiques ne sont pas un désastre qui a cassé une dynamique économique et sociale, alors c’est quoi ?

J.B.

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