Edito
Le retour à la proportionnelle est une exigence de la moralisation de la vie politique
/ 13 juin 2017
Aussi bien en France qu’à La Réunion, le taux d’abstention a atteint un niveau historique. C’est l’illustration de la crise d’un système politique. Le résultat annoncé pour le second tour ne va pas arranger les choses. Les projections prévoient entre 400 et 500 députés pour La République en Marche.
La République en Marche est un parti créé au lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Au premier tour, il avait obtenu 24 % des suffrages exprimés et l’avait emporté 15 jours plus tard grâce à la mobilisation contre la candidate de l’extrême droite.
Un mois après sa création, son parti gagne 30 % des suffrages exprimés. Le mode de scrutin actuel lui permet d’entrevoir une majorité absolue au soir du second tour avec à lui tout seul les deux-tiers des sièges. Ainsi, avec à peine 15 % des suffrages des électeurs inscrits, un parti peut avoir une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. C’est la conséquence d’un mode de scrutin qui n’est pas fidèle à la réalité de l’opinion.
En effet, avec l’application du scrutin proportionnel à un tour, République en Marche aurait obtenu environ 190 députés soit en dessous de la majorité. En deuxième position, Les Républicains seraient autour de 130 sièges. PCF et France Insoumise auraient 85 députés, soit le même nombre que le PS et ses alliés Verts et PRG auraient pu escompter. Enfin, le Front national fermerait la marche avec 80 députés. Il est à noter qu’avec une telle répartition, un seul parti ne possède pas la majorité et ne peut donc pas imposer sa volonté aux autres. Il doit composer. De plus, les différentes forces politiques présentes à l’Assemblée nationale disposeraient du nombre suffisant de députés pour contester une loi votée auprès du Conseil constitutionnel, ou pour déposer une motion de censure contre le gouvernement.
Le recours au mode de scrutin actuel date d’une période où la France était minée par une menace de guerre civile liée à sa politique coloniale en Algérie. C’était le prétexte utilisé pour justifier le remplacement de la proportionnelle par le scrutin majoritaire à deux tours susceptible de permettre à un parti arrivé en tête en nombre de voix d’avoir à lui seul la majorité absolue en siège. Mais cette époque est révolue depuis longtemps, la France n’est plus sous la menace d’un coup d’État militaire.
Tant que persistera le mode de scrutin actuel pour élire les députés, la représentativité parlementaire ne correspondra pas à la réalité des opinions de la société. La moralisation de la vie politique doit donc ériger comme priorité le respect de la diversité des opinions et donc le retour au scrutin proportionnel. Cela permettra de lutter contre l’abstention car chaque électeur saura que son vote sera mieux pris en compte.