Retour de l’inflation : bombe pour le pouvoir d’achat des Réunionnais

21 octobre 2021, par David Gauvin

Les prix à la consommation ont augmenté de 2,1 % sur un an en septembre en France, selon les données provisoires publiées ce jeudi par l’Insee. Principale cause de cette accélération : la flambée des prix de l’énergie.

Le seuil des 2 % est franchi. Les prix à la consommation ont augmenté de 2,1 % sur un an en septembre en France, selon les données provisoires publiées ce jeudi par l’Insee. Un petit événement. Il faut remonter à octobre 2018 pour retrouver un niveau comparable. A l’époque, la hausse des prix s’était établie à 2,2 %. Pour la première fois cette année, la hausse des prix dépasse dans l’Hexagone la cible de 2 % fixée par la Banque centrale européenne. La flambée des prix de l’énergie (+14,4 % sur un an), qui pèse pour près de 8 % dans l’indice, demeure la principale explication à cette remontée de l’inflation. Ceux des services accélèrent aussi (+1,5 %). En revanche, l’augmentation des prix des biens manufacturés (+0,4 %) et des produits alimentaires (+1 %) ralentit. L’inflation sous-jacente (hors énergie et produits alimentaires frais) reste d’ailleurs limitée à 1,3 % en septembre selon l’Insee, un niveau proche de son rythme normal.

Le retour de l’inflation est un phénomène traditionnellement observé en période de reprise économique. La surprise du contexte actuel est que, par rapport aux anticipations que l’on pouvait formuler il y a quelques mois, l’inflation « temporaire » est un peu plus durable et élevée que prévu. Certaines forces désinflationnistes traditionnellement à l’œuvre lors d’une crise économique et toujours en cours lors de la reprise ont été déjouées. Par exemple, les politiques économiques ont protégé, via le nouveau dispositif de l’activité partielle et plus largement grâce aux aides auprès des entreprises (PGE, fonds de solidarité, moindres faillites…), le marché du travail du choc conjoncturel récessif. Lors de la crise des subprimes 2008-2009, le taux de chômage était passé de 7,8 % de la population active fin 2008 à un point haut à 9,5 % fin 2009, ne refluant que très lentement ensuite lors de la reprise (encore 9,2 % fin 2010). Cette fois, le taux de chômage est passé de 7,8 % au 1er trimestre 2020 à « seulement » 9,1 % au 3e trimestre, avant de refluer à 8 % au 2e trimestre 2021. Ne s’est ainsi pas installé l’enchaînement habituel : recul de la production → hausse du taux de chômage → modération salariale → modération des coûts de production → modération des prix des biens et services à la consommation.

Certains déséquilibres offre/demande qui débouchent sur des prix plus élevés traditionnellement à l’œuvre lors d’une reprise économique sont plus durables que prévu. Il est classique de voir de l’inflation en sortie de crise puisque la demande, par exemple de matières premières, augmente fortement, de concert dans toutes les zones économiques (les producteurs devant produire pour répondre à la demande et constituer des stocks qu’ils ont minimisés lors de la crise), alors que l’offre, davantage rigide, met du temps à s’ajuster. Si on retrouve des similarités à cette configuration dans le contexte actuel (exemple : pétrole), se font jour des surprises (certaines matières premières, prix du transport de marchandises, microprocesseurs…). L’offre met davantage de temps à s’adapter à la demande, qui est elle-même plus forte que prévu, sur ces denrées. En amont des prix à la consommation, un certain nombre de biens ou denrées très touchés par l’inflation voient déjà leur prix baisser (le bois de charpente a vu, lui, son prix décroître : quoiqu’étant encore plus de 40 % supérieur à son niveau d’avant crise, son prix a reflué de 50 % depuis le 2e trimestre) ou se stabiliser depuis septembre : par exemple, les glissements annuels restent à ce stade à + 81 % pour le pétrole et + 38 % pour les métaux de base mais, à cours inchangés, le jeu des « effets de base » va mécaniquement tempérer l’inflation sur un an en 2022. Un point d’attention toutefois : le prix du transport maritime, lui, ne s’est pas encore stabilisé.

Dans ce contexte, le pouvoir d’achat des Réunionnais est en danger. Par exemple la Grande Bretagne, un pays riche, doit faire face à une grande inflation. Au Royaume-Uni, la crise d’approvisionnement liée au Brexit ne cesse de faire grimper les prix. Les derniers chiffres – qui datent du mois d’août – indiquent en effet une inflation à 3,2 %, soit un record depuis 2012 pour le pays. Une hausse qui se ressent dans les dépenses du quotidien des habitants, et doit en plus s’empirer d’ici la fin de l’année. Et ce n’est pas terminé. La Banque d’Angleterre prévoit que l’augmentation des prix continue jusqu’à atteindre 4 % d’ici la fin de l’année. Sans action forte, nous allons connaître une crise encore plus violente que celle que nous venons de traverser. Il nous faut des mesures d’urgence et ensuite de tourner la page d’un modèle de consommation issu de la mondialisation libérale. Mais le Pays dispose-t-il des outils permettant de prendre ces mesures. De jour en jour, il est prégnant que la seule voie permettant de sortir le Pays de la crise est la RESPONSABILITE.

« L’utilitarisme était la philosophie de l’épargne : il perd tout sens quand l’épargne est compromise par l’inflation et les menaces de banqueroute. » Jean Paul SARTRE

Nou artrouv’

David Gauvin

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  • Raison de plus ; en lisant ces lignes qu’on pouvait facilement imaginer, de se débrouiller, ne plus attendre d’aides, mais montrer qu’on peut, doit aider et se faire aider d’une autre manière, comment ? En se mettant à cultiver des parcelles, louées ou familiales pour à la fois, retrouver de la dignité, produire bio, donc penser à sa santé, au long terme, se détacher de toutes ses entreprises, les distributeurs qui font en sorte que nous nous retrouvons à ne plus être libre, mais plutôt dépendant, à grands renforts de pubs, de produits, souvent bas de gamme, (faut voir les marques, les pays exportateurs, pas vraiment souvent français), et se lancer, prendre des conseils, demander aux gramounes qui se feront un plaisir de remettre les mains dans la terre, puis au passage, transmettre son savoir-faire,qui fait, en plus, partie du patrimoine qui par définition, se transmet. Au lieu de ça, regardez autour de vous, on passe trop de temps passif, affalé dans son canapé, à regarder des infos débiles, des pubs, des séries elles aussi trop souvent bas de gamme qui en fait, font rêver les gens devant leurs postes de TV ou d’ordi. Restez tranquille, cool braves gens, on s’occupe de vous, tout va bien...
    Quelle époque alors qu’il y a tant à faire pour justement protéger notre planète, qui nous nourrie, nous protège, et qu’on se doit d’étudier, d’admirer, mais ça, ce n’est hélas pas dans les mentalités, qui sont seulement tournées vers le dérisoire, superficiel, avec tous les déchets qui vont avec,il n’y a qu’à voir dans les rues, les déchetteries, les ravines même, ce que l’on balance dedans pour vite oublier ce qui faisait plaisir avant, du temps où tout le monde voulait la même choses, dans la mode du moment, que c’est triste ! Peu se préoccupent, un max individualistes, beurk ! Arthur.


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