Les abandonnés du monde

14 juin 2010

En ce moment, 24 heures sur 24, la plupart des médias se consacrent à attirer au maximum l’attention des citoyens sur le Mondial 2010 de football et sur ses à-côtés, tandis que les problèmes essentiels de l’humanité sont quasiment ignorés. Alors, certes les droits de la population à la distraction, au repos et au loisir doivent être respectés ; et beaucoup de personnes prennent du plaisir à suivre cet événement sportif et festif à dimension internationale, qui est parfois une occasion de rencontres amicales entre les peuples du monde.
Mais ne devons-nous pas aussi être conscients du fait que l’on donne à ce divertissement une telle ampleur qu’il se transforme, de fait et avant tout, en diversion, c’est-à-dire en détournement de l’attention des préoccupations principales de la majorité des humains ? Et cela se passe aussi bien à l’échelle réunionnaise que mondiale.

Des dizaines de milliards d’euros — voire plus — sont dépensés à l’occasion de cette compétition footballistique et qui en profite avant tout, sinon les privilégiés du monde économique, financier, médiatique et sportif ? Ce profit inégal et non partagé de façon équitable est lié aussi à un gaspillage éhonté.
Il suffit de penser au récent rapport de la FAO, selon lequel le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde a dépassé le milliard en 2009, ce qui est un chiffre jamais atteint auparavant. Or les causes de ces souffrances sont essentiellement politiques car elles sont le résultat de décisions volontaires prises par les pays puissants contre les plus pauvres et au niveau national aussi, où il y a de nombreuses injustices liées à la répartition des richesses.

D’où le contraste saisissant de cet événement sportif, où l’on trouve des sommes considérables pour détourner l’attention de la misère et de la pollution de l’environnement dont souffre la plus grande partie de l’humanité, alors qu’au même moment, il n’y a pas d’argent pour aider les plus pauvres. N’est-ce pas un crime du pouvoir de la finance et du pouvoir médiatique ?
Autour de la FIFA, il y a un pouvoir mondial pour utiliser le foot à des fins injustes, qui n’ont rien à voir avec les valeurs humaines du sport, mais il n’y a pas de pouvoir mondial pour empêcher qu’un enfant meurt de faim toutes les sept secondes. L’intoxication de l’opinion autour de ce Mondial 2010 nous fait penser aux abandonnés du monde.

L. B.


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