Les gendarmes à la Région Réunion : un scandale de plus pour la nouvelle route en mer ?

6 février 2015, par J.B.

L’attribution des marchés de la nouvelle route du littoral, ou plutôt nouvelle route en mer, défraie encore la chronique. Cette fois, ce ne sont plus des transporteurs qui livrent des cailloux extraits illégalement en zone protégée, ou des camionneurs qui bloquent l’accès à un chantier préparatoire pour des raisons de gros sous. Hier matin, Imaz Press Réunion a révélé que des gendarmes ont fait une descente dans les locaux de l’hôtel de Région Réunion. Au cours de cette opération, les enquêteurs ont carrément discuté avec Didier Robert. Voir des représentants de la force publique se rendre dans le bureau du président de la Région Réunion, ce n’est pas ordinaire.

Bien sûr, il apparaît prématuré de tirer déjà des conclusions. La formule consacrée « laissons l’enquête suivre son cours » s’applique. Néanmoins, la révélation d’hier et le communiqué de la Région Réunion envoyée à certaines rédactions (mais pas à Témoignages) permettent de confirmer une réalité : la justice enquête sur l’attribution des marchés de la nouvelle route en mer dite nouvelle route du littoral. Et contrairement à ce que dit en substance ce communiqué, la procédure n’est pas classique eu égard à la dimension de ce chantier.

En effet, lors de la mandature précédente, quand la Région Réunion était dirigée par Paul Vergès, la collectivité territoriale réunionnaise avait attribué de nombreux marchés. Sous la présidence de Paul Vergès, la Région Réunion était le maître d’ouvrage de la Route des Tamarins, du Boulevard Sud, de la déviation de Sainte-Marie, de celle de Bras-Panon, des premiers tronçons du site de construction du tram-train, des rocades de Saint-Leu et de la Saline les Bains, de la sécurisation de la Route du littoral, de la construction de 4 lycées… ce qui représente plusieurs milliards d’investissements. Tout au long du mandat de Paul Vergès, les gendarmes n’ont jamais débarqué à la Région Réunion pour interroger le président dans son bureau, tout simplement parce qu’aucune enquête n’a été lancée.
Les faits rapportés par Imaz Press Réunion et confirmés par la Région Réunion sont donc un inquiétant précédent… la réputation et la crédibilité de la Région Réunion vont-elle en souffrir ?

Mais si jamais les faits étaient avérés, alors ce serait un scandale de plus à mettre au crédit du projet de nouvelle route en mer. Le chantier en est encore à son stade préparatoire et il accumule les scandales. 15 recours sont déjà déposés, ils visent en particulier un aspect mis en avant hier par François Hollande dans sa conférence de presse : l’environnement. Le Conseil national pour la protection de la nature s’est en effet prononcé contre le chantier de nouvelle route du littoral à l’unanimité. Voilà qui pose un problème à la France au moment où elle veut être exemplaire sur le plan de l’environnement : c’est à l’opposé de la « France écologiste ».

Si les enquêtes judiciaires au sujet des attributions de marché ne sont pas la norme pour les chantiers financés par des fonds publics, la mission d’expertise économique et financière en est une. La route en mer est un projet qui coûtera au bas mot 2 milliards d’euros, et défiant toute logique, les autorités responsables n’ont pas fait d’expertise pour savoir si la Région Réunion était capable de payer sans mettre en danger sa situation financière et donc les intérêts du contribuable. Faire cette expertise apparaît donc chaque jour plus indispensable.

A la Une de l’actuRoute du littoralDidier Robert

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