Les inégalités et l’indifférence

9 août 2013, par J.B.

Janvier 2010, Haïti est touché par un violent séisme. Sa capitale, Port-au-Prince, et plusieurs autres villes sont ravagées. Il a suffi d’à peine une minute pour provoquer la mort de 250.000 personnes, et totalement désorganiser un pays. Outre les vies humaines, de nombreux documents sont perdus, toute l’administration est à refaire. Haïti était alors le pays le plus pauvre des Amériques.

Trois ans après le tremblement de terre, des milliers d’Haïtiens vivent encore dans des tentes. La saison des cyclones approche. L’ONU et le gouvernement ont uni leurs voix pour solliciter un large élan de solidarité. Ils comptent sur une levée de fonds de 100 millions de dollars pour venir en aide à 2 millions de Haïtiens menacés par la famine et les conséquences des cyclones à venir. Deux millions sur une population totale de 10 millions, cela fait 20%. C’est énorme. Déjà, le pays est confronté à une épidémie de choléra. Cette maladie de la misère pourrait prochainement contaminer 100.000 personnes si rien de plus n’est fait.

Plus près de nous à Madagascar, 60% de la population est menacée par la malnutrition. À l’origine de la crise, c’est une invasion de criquets. D’ici le mois prochain, entre 40 et 100% des récoltes pourraient être perdues, estimait la FAO en juin dernier. L’Organisation pour l’Agriculture et l’Alimentation pensait qu’il était possible de sauver la situation en investissant d’urgence 22 millions d’euros dans la lutte contre les criquets. Younous Omarjee, député de l’Alliance des Outre-mer, avait alerté la Commissaire européenne chargée de la coopération internationale sur cette question. Le 7 juillet dernier, le 8e Congrès du PCR avait adopté une motion allant dans le sens de la solidarité avec le peuple malgache. Deux semaines plus tard, les inquiétantes prévisions ont commencé à se réaliser.

La FAO a annoncé les premières pertes : 15% de la récolte de riz est d’ores et déjà perdue, ce qui équivaut à 25% de la consommation annuelle de Madagascar. C’est déjà la catastrophe, comme à Haïti.

Pour venir en aide à des dizaines de millions d’êtres humains, moins de 200 millions d’euros suffisent. C’est trois fois moins que ce qui est dépensé chaque année à La Réunion, pays de 850.000 habitants, pour importer les carburants qui font fonctionner les automobiles, et les centrales thermiques au fuel.

C’est une nouvelle illustration d’un monde qui va droit à sa faillite, miné par les inégalités et l’indifférence envers les plus pauvres.

J.B.


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