Les pauvres ont le droit de parler

23 novembre 2013, par J.B.

« En 2011, 215 tonnes de denrées alimentaires ont été distribuées, 500 tonnes en 2012 et 300 tonnes pour les 9 premiers mois de l’année 2013. Plus de 35.000 familles sont concernées, réparties sur l’ensemble du territoire réunionnais ». Ce sont les données de la Banque alimentaire des Mascareignes.

La situation est donc très claire. 35.000 familles ont des revenus si faibles qu’elles dépendent de la solidarité pour se nourrir. Elles vivent partout à La Réunion, aucune commune n’est épargnée.

Nous sommes à quatre mois des élections municipales. Force est de constater que pour la plupart des candidats, ce drame n’est même pas abordé. Et donc, ils sont aux abonnés absents pour les solutions.

Ce qui préoccupe essentiellement la majorité de ceux qui aspirent au pouvoir, c’est de se répartir les postes et les indemnités qui vont avec. Ils n’ont pas de projet, juste des ambitions. Mais même pour les satisfaire, il faut qu’ils tiennent compte du suffrage universel. La règle est simple : une personne à une voix.

Autrement dit, dans les 35.000 familles dépendant de l’aide alimentaire, il y a des électeurs. La voix d’un pauvre a la même valeur que celle d’un riche. Mais mis à part le PCR, personne ne propose une perspective aux pauvres.

Comment alors s’étonner de la montée du taux d’abstention, si les pauvres voient à la télévision des riches batailler pour des places sans se préoccuper des problèmes réels ?

Ce n’est pas parce que les problèmes des pauvres ne sont pas médiatisés dans le débat que les pauvres disparaissent. Ils sont contraints de rechercher d’autres moyens d’expression pour se faire entendre.

C’était en février dernier, c’était aussi l’année d’avant. À chaque fois, le pouvoir a réprimé, les grandes surfaces et le dépôt de pétrole étaient sous protection. Aujourd’hui, la situation est encore plus grave que par le passé. Car le RSTA a été supprimé et la prime COSPAR risque de subir le même sort. Ces conquêtes sociales avaient permis à plusieurs milliers de Réunionnais de s’extraire de la grande pauvreté. Ils vont y retourner, poussés par les 6 députés de La Réunion qui ont refusé de voter contre le budget.

S’ils ne peuvent pas se faire entendre en mars prochain, ces abandonnés trouveront bien le moyen de parler, qui osera les faire taire ?

J.B.

RSA - RSTACOSPAR

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