Les sortants plombent Emmanuel Macron à La Réunion

27 avril 2017

À la création de son mouvement « En Marche ! », Emmanuel Macron affirmait une ligne qui voulait dépasser les partis traditionnels. Au fur et à mesure de sa progression dans les sondages, cette déclaration d’intention a rapidement volé en éclat. Emmanuel Macron a intégré dans son équipe des adeptes des vieilles méthodes qui ont dessiné la politique menée ces cinq dernières années sous le mandat de François Hollande. Loin des promesses de lutte contre les puissances de l’argent, ce quinquennat s’est transformé en une remise en cause des conquêtes sociales, Emmanuel Macron ayant une part de responsabilité dans cette catastrophe.

À l’approche de l’élection présidentielle, les soutiens d’Emmanuel Macron se sont élargis à La Réunion. Au départ, ils ne concernaient que la « société civile », puis on a vu se confirmer l’axe Annette-Thierry Robert déjà à l’oeuvre aux régionales. Ces deux maires se sont précipités dans les bras de celui qui montait dans les sondages à la suite d’un début de campagne mené sur les chapeaux de roue. C’est ainsi que du côté des socialistes, une grande partie des élus de longue date ont ainsi refusé de respecter les règles de la Primaire qui avait désigné Benoît Hamon comme candidat du PS à la présidence de la République.

Force est de constater que ces manœuvres n’ont guère été appréciées par les électeurs. À La Réunion, Emmanuel Macron a fait six points de moins qu’en France et il est arrivé en 3e position loin derrière Jean-Luc Mélenchon, candidat soutenu par le Parti communiste réunionnais, et Marine Le Pen. Le scrutin a été marqué par une abstention supérieure à 40 %.

Au lendemain du premier tour, les commentateurs et les sondages donnent l’élection gagnée pour Emmanuel Macron. Le PS et les Républicains lui ont apporté leur soutien. Mais le contexte est différent de 2002. Le rejet de la classe politique est très profond, surtout à La Réunion. La population a été abandonnée par ceux qui lui ont fait des promesses en 2012. Le chômage s’est aggravé et l’affaiblissement du PCR a fait céder le dernier rempart au vote Le Pen.

Depuis lundi, c’est le ballet des sortants, députés et ministres, qui appellent à voter Macron au nom du Front républicain. Sans doute aux législatives, ils voudront récupérer les voix des électeurs qui ont voté Mélenchon ou Le Pen. Or, ce sont précisément ces personnes et cette manière de faire de la politique qui ont été massivement rejetées par les électeurs réunionnais. Pourquoi ces élus décrédibilisés ne s’effacent-ils pas et ne laissent-ils pas les authentiques soutiens d’Emmanuel Macron assurer la promotion de leur candidat ? Ces supporters de Macron de la première heure viennent de la « société civile », et ils sont l’illustration d’un possible renouveau de la politique. Ils peuvent montrer une rupture qui pourrait être entendue par la population. Or, ce sont les sortants, avant tout préoccupés par leur réélection aux législatives, qui se mettent en avant. En faisant cela, ils plombent Emmanuel Macron. Manifestement, ils n’ont pas entendu le message des Réunionnais le 23 avril.

J.B.

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