Lettre de Tunisie à un ami de La Réunion

18 janvier 2011

Mon cher frère,
Tu as dû apprendre que le président de mon pays, Ben Ali, s’est cassé chez les frères d’Arabie. Ici, c’est la fête ! Ses miliciens sont perdus. Enfin, cela faisait longtemps qu’on attendait ce jour. Cela s’est passé comme dans les livres d’Histoire. Le peuple se soulève contre un pouvoir sans partage et le chef s’enfuit. Derrière, on compte les morts et les blessés, on évalue les dégâts. On refait les institutions.

Le chiffre de 50 morts est largement dépassé. L’ordre ne reviendra pas de si tôt. Nous voulons absolument éviter que la guerre civile s’installe entre nous. La Tunisie a besoin de tous ses fils et toutes ses filles. Pour paraphraser Ho Chi Minh, nous affirmons que Ben Ali parti, nous reconstruirons le pays encore plus beau qu’auparavant.

Mon cher frère,
Tu es trop loin pour imaginer la liesse populaire. Mais sache que j’ai pris beaucoup de photos ; tu les recevras sur Youtube et sur le mur de ton Facebook. Tu te rappelles, il y a un mois, je t’avais prédit que les jeunes avaient ras-le-bol et que cela allait péter. Avec 30% de chômage, cela ne pouvait tenir. Eh bien, c’est fait. Personne n’aurait pensé que Ben Ali allait fuir comme un vulgaire malpropre. Peut-être était-il déjà rongé par sa conscience ?

Au fait, est-il toujours en place votre agité de président qui a osé menacer un jeune frère en lui disant « casse-toi pauvre con » ? A l’époque, ça tournait en boucle sur le net. Tu sais, si tu as besoin d’un coup main pour qu’il se casse à son tour, nous avons maintenant « le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, de chasser les présidents qui méprisent leur peuple ». Tout le monde en parle ! Même Mme Alliot-Marie ! La technique de nettoyage présidentiel au Karcher est dépassée.

N’hésite surtout pas, mon frère ! Entre frères ayant subi la même colonisation, la solidarité est naturelle.

J.B.

Tunisie

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