Level ouvre une ligne transatlantique low-cost entre France et Antilles : le gâchis de l’arrêt du projet d’Airbus A380 d’Air Austral

3 juillet 2018

Si le projet de l’ancienne direction d’Air Austral n’avait pas été abandonné, les Réunionnais auraient déjà droit à des billets d’avion 30 % moins chers, sans subvention avec l’Airbus A380.

Après l’ex-French Blue devenue French Bee entre la France et La Réunion, une nouvelle compagnie low-cost ouvre aujourd’hui une liaison entre Orly et Pointe-à-Pitre, au lendemain de son vol inaugural entre la France et le Québec. Cette société se nomme Level, c’est une filiale du groupe IAG qui est notamment propriétaire de British Airways et d’Iberia. IAG veut diversifier son offre, et proposer des prix cassés pour convaincre des personnes qui n’auraient pas voyagé autrement. L’annonce de Level, c’est l’aller-simple entre Paris et la Guadeloupe à 99 euros.

Pour réduire ses coûts, Level s’appuie sur une flotte d’avions neufs. C’est aussi l’application d’un maximum de low cost dans la gestion, avec un produit d’appel en dessous de 100 euros, mais l’obligation de payer un supplément pour emporter un bagage de soute. Avec Level et French Bee, ce sont donc les Antilles et La Réunion qui sont desservies en low-cost long courrier.

Ceci rappelle une nouvelle fois qu’il y avait de la place pour une compagnie réuionnaise de ce genre. C’était le projet Outremer 380 porté par les anciens dirigeants d’Air Austral, le président du directoire Gérard Ethève, et celui du conseil de surveillance, Paul Vergès. Outremer 380 devait exploiter 2 Airbus A380 capables de transporter plus de 800 passagers. Ce nombre sans précédent pour une seule rotation était la garantie d’obtenir les prix les plus bas possibles. Une différence pouvant aller jusqu’à 30 % était attendue. Air Austral avait commandé les deux avions, et pris une option sur deux autres. Ce projet était dans le collimateur de la concurrence. Elle a trouvé en Didier Robert un allié objectif, car le projet d’Outremer 380 allait à l’encontre de sa politique clientéliste de distribution de bons de réduction pour faire baisser artificiellement le prix payé par le consommateur. Cette opération est au final une subvention pour toutes les compagnies qui desservent la France depuis La Réunion, en vol direct ou avec escale uniquement à Maurice, car le transporteur ne baisse pas son prix et reçoit donc dans sa trésorerie l’équivalent du bon de réduction.

Les arguments des opposants au projet d’Air Austral affirmaient alors que le projet n’était pas viable, et qu’il allait torpiller la société mère, car les voyageurs potentiels se tourneraient alors vers le low-cost, délaissant Air Austral. L’expérience de French Bee a infirmé cette hypothèse, car la conséquence de l’arrivée du long-courrier low-cost est l’augmentation du trafic. Ceci confirme que ce niveau de trafic est déterminé d’abord par le prix du billet d’avion, moins cher il sera, et plus le nombre de passagers et de touristes potentiels pour La Réunion augmentera.
Aujourd’hui, Level vient occuper ce marché aux Antilles. Il rejoint une autre compagnie low-cost ; Norwegian, qui ne propose pas de vols transatlantiques, mais des liaisons vers d’autres régions d’Amérique.
Level détient des compagnies européennes historique. C’est un acteur de premier plan qui arive et qui met des moyens pour réussir son pari des vols moins chers. Ceci permet de se rendre compte de l’ampleur du gâchis, car si le projet réunionnais n’avait pas été stoppé, cela ferait déjà plusieurs années que les volds 30 % moins cher pour tout le monde, toute l’année et sans subvention serait une réalité depuis plusieurs années, et aurait pu également mettre en œuvre ce service en partenariat avec les Antillais sur la ligne transatlantique. La nature a horreur du vide, il est maintenant comblé, et les Réunionnais peuvent en témoigner à leurs dépens.

J.B.

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Messages

  • Finalement, c’est comme pour le train "TER-PEI", décidé, projetté, financé et juste après, alternance aux commandes de la Région-Réunion, résultat, on abandonne pour l"un au profit du "tout pour et par la route" qui pollue, dégrade l’île et pour l’autre, on persiste à en fait ne pas vraiment vouloir aider les citoyens, leur proposer des billets moins chers, -30%, ce n’est pas rien.

    Mais est-ce bien cela faire de la politique, proposer du changement positif, surtout pour ceux, celles qui en ont le plus besoin ? Ne pas oublier aussi l’oubli de l’indépendance énergétique et alimentaire. Quels gâchis, pas vraiment cool comme choix. Importer ici, de nouveau, à grand frais avec encore une fois de plus de la pollution dont tout le monde se passerait, au lieu de produire plus propre, local, et en créant des emplois ?

    Vivement le changement, le vrai, c’est pas raisonnable pour notre porte monnaie, pour la Nature, nos poumons de poursuivre ainsi, finalement, sans réelle volonté d’améliorer les choses, situation tenable jusqu’à quand ? Arthur.

  • Pour information French Bee anciennement French Blue n’effectue aucunes dessertes sur les Antilles. L’A330 de French Bee effectuait des rotations pour le compte de Air Caraïbes avant la desserte officielle vers La Réunion contrairement à ce que vous affirmez dans votre article.

    • L’article affirme que French Bee dessert La Réunion et n’affirme pas que cette compagnie propose des vols pour les Antilles. A moins que d’après vous, La Réunion soit située dans les Antilles ?

  • Il n’est pas encore trop tard pour l’A380 ! Les anciens avion exploités par Singapore Airlines attendent sur un tarmac en France, ils n’ont que 10 ans et personne ne se presse pour en faire l’acquisition, le prix doit donc être très intéressant et facilement négociable pour un avion bien entretenu et qui a encore du potentiel.
    Allez Air Austral ! On amorce un vrai plan pour le futur !

  • Merci pour cette info qui montre une fois de plus que notre système économique n’est pas toujours raisonnable. Ne plus se servir d’avion roi de sa catégorie au lieu de le vendre, ou pourquoi pas le louer à d’autres compagnies pour rendre service et amortir ce gros investissement. C’est vrai que si Air Austral ose acheter un ou même plusieurs A380, là oui, les prix chutteront car ces deux appareils offrent au moins 500 voire 800 places chacun ! A vous de faire la multiplication..... Arthur et les bleus.


Témoignages - 80e année


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