Loi El Khomri : Huguette Bello se retourne contre ses alliés en pleine bataille

12 mai 2016, par J.B.

La décision du gouvernement d’utiliser l’article 49-3 de la Constitution pour faire adopter en première lecture le projet de loi El Khomri a créé une situation politique inédite. Comme il fallait s’y attendre, l’opposition a déposé une motion de censure. Le fait nouveau, ce sont des députés de la majorité qui ont tenté de faire de même. Ils ont réuni 56 signatures, ce qui à deux noms près est insuffisant pour valider ce texte. Cette démarche en dit long sur la crise de confiance créée par la politique menée par le gouvernement. Parmi les signataires figurent en effet des membres du groupe socialiste.

Le choix de l’adoption sans débat ni vote en première lecture du projet de loi a des répercussions à La Réunion. Patrick Lebreton a décidé de quitter le groupe socialiste. Pour une question de principe, il a choisi donc de se priver des moyens du plus important groupe parlementaire de l’Assemblée nationale. Il a également écrit qu’au nom de ses principes, il ne votera pas la motion présentée par la droite. Patrick Lebreton se situe dans la logique de son engagement aux élections régionales au sein de l’union PCR-Progrès : faire passer les intérêts des Réunionnais avant tout.

L’autre député de La Réunion a avoir pris publiquement position après l’utilisation de l’article 49-3 est Huguette Bello. Elle a déclaré à Réunion Première : « je voterai la motion de censure ». Son argument ne tient pas la route. Elle voulait faire passer des amendements étendant les conventions collectives à La Réunion, ce qui suppose donc qu’elle était prête à voter la loi El Khomri contenant ses amendements. Or ce projet de loi remet totalement en cause la portée des conventions collectives, car c’est l’accord d’entreprise qui primera. Bref, un coup d’épée dans l’eau.

Le fond du problème, c’est son attitude vis-à-vis des responsables du Parti socialiste qui ont tout fait pour qu’elle conduise la liste soutenue par le gouvernement aux élections régionales, quitte à exclure le PCR et le Progrès fervents partisans de l’union. Que n’a-t-on pas entendu sur cette décision, avec certains qui la justifiaient en affirmant que Huguette Bello était le chef de la gauche à La Réunion et qu’il fallait donc se plier à ce coup de force. Aujourd’hui, l’image de François Hollande est beaucoup moins vendeuse. Il est au plus bas dans les sondages. C’est le moment choisi par Huguette Bello pour se retourner contre ses alliés en pleine bataille.

Voilà de quoi interpeller tous ceux qui ont cru à la stratégie Bello-Annette pour les régionales. Ils auront encore plus matière à réflexion si jamais la tête de liste du gouvernement aux régionales vote aujourd’hui la motion de censure présentée par la droite.

La logique voudrait que les deux élues du PLR quitte leur groupe au Conseil régional. Mais Huguette Bello est-elle prête à renoncer aux avantages matériels procurés par l’appartenance à un groupe politique ?

J.B.

A la Une de l’actuHuguette BelloRégionales 2015

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus