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LPPR : privatisation de la recherche et menaces sur La Réunion

mercredi 15 juillet 2020, par Mathieu Raffini

Début 2020, un nouveau projet de loi a été annoncé, la LPPR (Loi pluriannuelle de programmation de la recherche). Cette loi est dans la droite ligne des réformes des dernières années dans le monde de l’enseignement supérieur : toujours plus de privatisation et de marchandisation de la recherche.

En l’état actuel des choses, la situation de la recherche, en particulier à La Réunion est déjà compliquée. En effet, les financements publics manquent, et par exemple, de nombreux laboratoires, plutôt que de pouvoir attribuer des contrats à leurs doctorants, sont obligés de recourir à des bourses régionales ou de les abandonner vers le privé, ce qui pose d’énormes problèmes. Ainsi les résultats obtenus ne profiteront donc pas au plus grand nombre mais à l’entreprise qui aura financé ce contrat de recherche.
Les chercheurs manquent également de moyens financiers et matériels, ce qui est déjà un problème global pour l’enseignement supérieur et la recherche et se retrouveront d’autant plus pressurisés avec ce projet de loi.
Il projette de fait une précarisation des contrats de recherche, avec une course à la publication effrénée, où, dans le cas de résultats non concluants au bout de 3 ou 6 ans (des contrats « par mission »), les chercheurs risquent de se retrouver vidés de leurs financements.
Cette course effrénée pour la publication pousse également à accentuer la mise en concurrence des universités entre elles, où les plus renommées, c’est-à-dire celles où il y aura eu le plus de publications en un minimum de temps se verront ainsi mieux dotées que les autres.

Se pose ainsi la question, quelles vont-être les conséquences pour l’Université de La Réunion ?
Nous avons une université de proximité et qui n’est par définition que très peu concurrentielle, car rédigeant moins de publications par rapport aux gros mastodontes que peuvent être les universités de France telles qu’à Paris par exemple. Dès lors, les conséquences risquent d’être simples : nous risquons de voir notre université vidée de ses financements, les chercheurs et doctorants d’autant plus précarisés, et, par ricochet les étudiants de se retrouver dans des environnements et des enseignements dégradés. Se retrouvant de fait sans avenir dans la possibilité de poursuivre leurs espoirs de recherche dans notre pays cela risque d’augmenter d’autant plus l’exil forcé de nos élites intellectuelles.

Il n’y a donc qu’une solution à ce projet de loi : le combattre, car la défense du service public est fondamental, et que l’avenir de notre recherche, de nos chercheurs, nos doctorants, nos étudiants n’est pas à marchander.

Mathieu Raffini


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