Manifestations au pays de l’uranium bon marché : la Françafrique touchée au cœur ?

19 janvier 2015, par J.B.

Depuis les indépendances des anciennes colonies de l’AOF et de l’AEF, les relations entre les pays africains colonisés par la France et la Belgique ont souvent été résumées par un mot : la Françafrique. Ce terme illustrait la relative autonomie dont disposaient les nouveaux États. L’ancienne puissance coloniale a conservé des bases militaires, elle organise « l’aide au développement » et des milliers d’expatriés occupent toujours des postes stratégiques. La France doit faire face à un monde qui change, l’Afrique francophone n’est plus son « pré carré ».

Plusieurs puissances asiatiques viennent ainsi faire fructifier des relations qu’elles avaient initiées lors de la lutte pour l’indépendance. Quant aux États-Unis, ils tentent aussi de tirer leur épingle du jeu. C’est ainsi que l’an passé, Obama a invité les chefs d’État africains à Washington. Ce sommet a volé la vedette au sommet France-Afrique réunissant le président de la République et les chefs d’État africains.
Ce changement est suffisamment puissant que lors d’un de ces derniers discours de président, Abdoulaye Wade avait dit avec force que les Occidentaux avaient perdu la partie. Les investissements annoncés par l’Inde le confirment.

Pour la France, plusieurs pays ont une plus grande importance. Tout d’abord le Sénégal, qui a été la plus ancienne colonie française d’Afrique. Après l’indépendance de 1960, le Sénégal était ensuite un partenaire privilégié. Mais vendredi, le drapeau français a été brûlé devant l’ambassade de France.
Le Niger est lui d’une importance essentielle. C’est le principal fournisseur étranger des centrales nucléaires françaises. AREVA y exploite notamment la mine d’Arlit. Grâce à l’uranium nigérien, les Français ont réussi à créer des richesses considérables : lignes de TGV, énergie pour l’industrie… Mais le peuple du Niger reste parmi les plus pauvres du monde. Ainsi, si en France tout le monde peut avoir l’électricité, ce n’est pas le cas au Niger.

Depuis vendredi, c’est précisément au Niger qu’ont eu lieu les manifestations anti-françaises les plus violentes. L’enlèvement de plusieurs travailleurs d’Arlit par les jihadistes a montré la difficulté de sécuriser cette source d’approvisionnement stratégique pour la France. Si la révolte s’étend, la Françafrique risque bien de vaciller.

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