Mé kosa i vé dir : ’radicalement’… ?

28 décembre 2009, par LB

Un des principaux problèmes de notre société est la sous-estimation — par un trop grand nombre de citoyens et de décideurs — de la gravité de la situation d’une majorité de Réunionnais et du fait que les difficultés des plus pauvres vont encore augmenter très vite dans les prochaines années si l’on ne change pas radicalement notre façon de vivre ensemble. Mé kosa i vé dir : "radicalement"… ?
Cet adverbe vient du mot "racines" et cela signifie qu’il faut modifier les bases profondes de notre système socio-économique et politique qui sont à la source même de tous ces problèmes. Et bien sûr, il ne faut pas compter sur les profiteurs de ce système pour aider la population — grâce à l’éducation et à l’information — à en prendre conscience pour transformer les racines de cette réalité pénible et explosive…

Mais depuis des dizaines d’années, des Réunionnais se battent dans ce sens afin de briser le mur de l’argent dont bénéficie la minorité la plus riche et de bâtir un développement durable dans l’intérêt général. Cela passe par des mesures concrètes comme un partage des revenus, une fiscalité, une politique des prix et un système bancaire plus équitables, une gouvernance réunionnaise endogène plus démocratique, un co-développement régional solidaire et libre.
Plus concrètement encore, cela consiste à nous libérer du pillage et de la pollution que nous imposent les vendeurs de produits pétroliers et de charbon, en allant le plus vite possible vers l’autonomie énergétique. Cela consiste aussi à nous libérer de l’économie de comptoir héritée de la colonisation, en allant notamment vers une autosuffisance alimentaire, riche des trésors de notre agriculture vivrière.

Évidemment, il ne faut pas oublier d’autres éléments essentiels de notre cohésion sociale, comme le respect du droit à l’emploi et au logement pour tous les Réunionnais, ou la création des deux grands services publics d’aide à la personne et d’amélioration de notre environnement. Autre exemple (non exhaustif) à citer : la mise en œuvre d’une politique des déplacements qui valorise les transports en commun (tram-train, bus, taxis collectifs…) et les modes doux et actifs comme le vélo, au lieu de nous bloquer dans l’impasse du tout-automobile.
Sur ce dernier sujet — mais c’est valable aussi pour tous les autres —, mercredi dernier, Paul Vergès et Huguette Bello ont exalté la coopération entre les collectivités réunionnaises. Ce partenariat institutionnel réunionnais est un outil décisif pour changer… radicalement le modèle de développement qui nous est imposé.

L. B.


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