Même l’Agence internationale de l’énergie change de paradigme et défend la neutralité carbone

20 octobre 2021, par David Gauvin

L’Agence internationale de l’énergie reconnaît l’importance d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 pour avoir une chance de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Dans cette perspective, elle invite à oublier dès “maintenant” tout projet d’exploration pétrolière ou gazière et à ne plus vendre de voiture thermique neuve au-delà de 2035.

Créée le 15 novembre 1974 à la suite du premier choc pétrolier, l’AIE est une organisation internationale destinée à faciliter la coordination des politiques énergétiques des pays membres. Elle s’est tout d’abord donné pour but d’assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques (pétrole principalement) afin de soutenir la croissance économique. Elle entend accomplir au XXIe siècle cet objectif, tout en contribuant à la protection de l’environnement, à la réflexion sur les changements climatiques et sur les réformes des marchés. L’AIE étudie en détail tous les secteurs énergétiques sauf le domaine de la fission nucléaire, analysé par l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE. L’AIE est une agence autonome de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), elle a son siège au Carré Suffren au 31-35 rue de la Fédération dans le 15e arrondissement de Paris et compte, en 2019, 30 pays membres – tous les pays membres de l’OCDE à l’exception de cinq d’entre eux (Chili, Islande, Israël, Lettonie et Slovénie).

L’agence internationale de l’énergie (AIE) publie sa feuille de route pour le secteur mondial de l’énergie en vue d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le chemin est “étroit” mais encore “praticable“, note l’AIE. À quelques jours de la COP26 de l’ONU, l’agence promet “d’énormes bénéfices” tant en termes d’emploi que de croissance économique ou de santé. Pour atteindre cette neutralité carbone, l’AIE invite à changer de paradigme énergétique. “Au-delà des projets déjà engagés en 2021, notre trajectoire ne prévoit aucun nouveau site pétrolier ou gazier,” note ainsi l’Agence. “La baisse rapide de la demande de pétrole et de gaz naturel signifie qu’il n’y a pas d’exploration requise et qu’aucun champ gazier et pétrolier nouveau n’est nécessaire au-delà de ceux déjà approuvés“. La feuille de route exclut aussi tout nouveau investissement dans les centrales électriques à charbon.

L’AIE espère atteindre la neutralité carbone du secteur électrique dès 2040. Cela impose d’installer d’ici 2030 quatre fois plus de capacités solaires et éoliennes chaque année qu’en 2020, année record. Pour 2050, l’Agence voit ainsi 90 % de l’électricité venir des renouvelables, et une large part restante du nucléaire. Les ressources fossiles ne fourniront plus qu’un cinquième de l’énergie, contre 4/5 aujourd’hui. Mais pour cela, les ventes de voitures neuves à moteur thermique doivent cesser dès 2035. Les calculs de l’AIE rejoignent ainsi ceux de l’ONG Transport & Environment. Dans les faits pourtant, la plupart des constructeurs n’en sont pas là. L’efficacité énergétique devra aussi croître de 4 % par an dès cette décennie, soit trois fois plus que le rythme moyen des deux dernières décennies.

“Placer le monde sur cette trajectoire requiert une action forte de la part des gouvernements, soutenus par une coopération internationale bien plus importante”, estime le directeur de l’AIE, Fatih Birol. Et ce, alors que quelque 785 millions de personnes sont encore sans électricité.
Au total, cette trajectoire ferait passer l’investissement dans le secteur énergétique à 5.000 milliards de dollars annuels d’ici à 2030. Ce qui ajouterait 0,4 point de croissance par an au PIB mondial, calcule l’AIE dans une analyse menée avec le FMI. Les défis ne manquent pas. En particulier, il faudra assurer les approvisionnements en métaux rares, nécessaires aux énergies renouvelables. Les gisements sont concentrés dans un petit nombre de pays et porteurs d’instabilité si le marché n’est pas organisé, insiste l’AIE. Ainsi, la feuille de route existe, les solutions techniques sont encore à perfectionner, mais vu l’urgence on ne peut plus attendre.

« Il faut d’abord savoir ce que l’on veut, il faut ensuite avoir le courage de le dire, il faut ensuite l’énergie de le faire. » Georges Clemenceau

Nou artrouv’

David Gauvin

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