Merci pour « l’amour » proclamé, mais on préfère la justice et le respect

20 février 2009, par LB

Nous aurons l’occasion de revenir sur le message adressé hier par les élus des quatre DOM — en particulier par les élus réunionnais — au président de la République lors de leur rencontre à l’Élysée et par la réponse de ce dernier. On verra également quels seront les résultats concrets de cette rencontre pour, comme on est en droit de l’espérer, commencer à redresser durablement et en profondeur la situation explosive de nos pays.
Pour faciliter notre analyse de la problématique devant laquelle chaque citoyen responsable est placé, nous voudrions attirer l’attention sur quelques éléments fournis hier aux journalistes par Paul Vergès. Et le premier de ces éléments est la nécessité d’en finir avec une sous-estimation quasi générale de la gravité et de l’urgence des problèmes à résoudre.

Comme les décideurs parisiens et locaux ont systématiquement refusé pendant des décennies, pour des raisons d’intérêts de classe, de s’attaquer aux causes profondes des inégalités sociales héritées du régime colonial, on en paie de plus en plus les conséquences aujoud’hui. Et si rien ne change fondamentalement, ces conséquences vont être encore plus douloureuses, en raison de notre croissance démographique, des effets du réchauffement climatique et du poids de la dictature mondialisée du capital.
C’est pourquoi il ne suffit pas de demander ou de promettre telle ou telle mesurette partielle, même si elle peut avoir des aspects positifs. Comme le disait hier le président de la Région, il faut voir si oui on non on amorce un changement total de la politique menée depuis 60 ans et qui, depuis la conquête de l’égalité sociale il y a treize ans, a abouti au blocage des marges de manœuvre gouvernementale.

Les inégalités de revenus dans notre société et l’ampleur des discriminations ethno-sociales héritées de l’esclavage, de l’engagisme et de la colonisation sont tellement grandes, qu’elles ne cessent d’accumuler des frustrations, des souffrances non dites et des motifs de révolte. Mais les changements de politique nécessitant les remises en cause de ces privilèges sociaux et de ces abus de pouvoir sont tellement importants que l’on refuse de « mettre tout à plat ».
Pour toutes ces raisons, les déclarations d’amour de Paris pour l’Outre-mer faites avant-hier par Martine Aubry sont bien gentilles mais elles ne servent à rien. Nous préférons des rapports justes, égaux et respectueux, acceptant et appuyant les propositions réunionnaises pour un autre modèle de développement.

L. B.

Guadeloupe

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