Miracle ou mirage ?

13 octobre 2005

Rendant compte de la visite de Nicolas Sarkozy à Tony Blair lundi, “Le Monde” nous livre quelques petites phrases du président de l’UMP, apparemment admiratif devant le résultat des méthodes du gouvernement britannique : le plein emploi anglais est quelque chose d’enviable pour nous, il se trouve que la flexibilité permet le plein emploi.

Mais la réalité des faits vient relativiser les effets d’annonce. Tout d’abord, même si le taux de chômage britannique est inférieur à celui de la France, il n’est pas de zéro. Il se situe aux alentours de 4%, avec beaucoup de temps partiel imposé. C’est d’ailleurs de Grande-Bretagne qu’est venue l’expression “travailleur pauvre”, c’est-à-dire un salarié qui n’est pas suffisamment payé pour échapper à la pauvreté.
Ensuite, d’après le Centre de prévision de l’Expansion, cette prospérité apparente vantée par les libéraux a un prix que les Britanniques vont devoir payer. L’activité a plongé, elle atteint son rythme le plus faible depuis 12 ans. Les impôts locaux sont de plus en plus élevés. L’inflation est au plus haut depuis 8 ans. Le pouvoir d’achat diminue. Les ventes de détail sont à leur plus bas niveau depuis 22 ans. Tout ceci n’est guère rassurant et semble vouloir montrer que pendant quelques années, le miracle britannique tant vanté était peut-être un feu de paille qui a profité finalement à une minorité.
Mais si la crise s’intensifie et que le taux de chômage explose, plus rien ne pourra protéger le travailleur britannique de la misère, car au nom de la flexibilité permettant le plein emploi, les conquêtes sociales ont été démantelées.

Manuel Marchal


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